Sélestat, paradis du savoir et de l’art de vivre
À 50 km de Strasbourg, cette commune du Bas-Rhin abrite la célèbre bibliothèque humaniste inscrite au registre Mémoire du monde de l’Unesco depuis 2011. Des centaines de manuscrits médiévaux dont les 670 volumes légués en 1547 par l’avocat-écrivain Beatus Rhenanus. Une merveille.
L’humanisme a trouvé refuge à Sélestat. Rouverte après quatre années de travaux et une rénovation complète et moderniste sous la houlette du célèbre architecte Rudy Ricciotti, la bibliothèque humaniste est installée dans l’ancienne halle au blé. Foin de manuscrits poussiéreux et de vieux barbons, le lieu est ouvert à tous, petits et grands.
Grâce aux dispositifs numériques et interactifs, chacun y trouvera son compte ! Grâces soient rendues à Beatus Rhenanus qui, à la veille de sa mort, en 1587, fit part de ses dernières volontés au bourgmestre de Sélestat : léguer sa bibliothèque à sa ville natale, dépositaire de 154 manuscrits médiévaux dont des incunables et 1611 imprimés des XVe et XVIe siècles formant une collection unique au monde.
Depuis le milieu du XVIe siècle, Sélestat s’enorgueillit de ce joyau. Encore fallait-il la mettre en valeur et la rendre accessible à tous. C’est chose faite ! Les visiteurs restent bouche bée devant les trésors de la bibliothèque. N’espérez pas feuilleter les manuscrits ou l’un des 1611 imprimés des XVe et XVIe siècles ! Les plus précieux sont exposés dans un cube de verre et grâce à un dispositif numérique, vous pourrez tourner les pages de ces ouvrages numérisés.
Parmi les plus inestimables pépites exposées, on peut admirer, entre autres, le Lectionnaire mérovingien daté du VIIe siècle, le plus ancien livre conservé en Alsace dont le texte original est attribué à saint Jérôme. Le Livre des miracles de sainte Foy est un manuscrit religieux de 1296 écrit à la main sur du parchemin, magnifiquement illustré d’enluminures représentant des végétaux, des personnages et des monstres fabuleux. On y trouve également le récit des miracles de sainte Foy, ainsi que la légende de la fondation du prieuré bénédictin de Sélestat. L’Herbarum vivae eicones ad naturae imitationem d’Otto Brunfels, marque la naissance d’une science botanique fondée sur l’observation. Véritables chefs-d’œuvre du début de la Renaissance, les illustrations représentent avec une rare exactitude, la plante tout entière dessinée d’après modèle. Pas moins de 238 gravures sur bois illustrent cet ouvrage. Mention spéciale pour le « Cahier d’écolier » de Beatus Rhenanus, un document rarissime écrit il y a plus de cinq siècles. À l’heure où l’école a abandonné les pleins et les déliés au profit des photocopies, ce cahier devrait être montré à tous les enfants des écoles ! Qu’ils en prennent de la graine ! Pour la petite histoire, Beatus est âgé d’environ treize ans quand il commence à rédiger les lignes de ce cahier sous la houlette de son professeur. Témoignage unique d’une éducation novatrice pour l’époque, associant éducation morale et religieuse à l’étude des textes latins d’auteurs antiques et contemporains.
L’apparition de l’imprimerie au XVe siècle est un événement capital qui va changer la donne et permettre la diffusion des idées, désormais accessibles à tous. Pour se faire une idée du fonctionnement de la presse version Gutenberg, le visiteur peut expérimenter les gestes de l’imprimeur typographe sur un écran tactile. Il compose un mot en manipulant des caractères mobiles dans une « casse », puis fait fonctionner un fac-similé en 3D de la presse pour découvrir sa composition. Pas si facile ! Après moult essais et erreurs et une ténacité à toute épreuve, le visiteur couronné de succès ne boudera pas son plaisir et pourra imprimer son mot sur un ticket et ainsi garder un souvenir personnalisé de sa visite.
Sélestat s’enorgueillit par ailleurs d’être la capitale du sapin de Noël : la première mention écrite de l’incontournable conifère apparaît dans l’un des registres des comptes de la ville datée du 21 décembre 1521 ! Elle précise que deux gardes forestiers recevront chacun 4 shillings pour avoir l’œil sur un sapin à l’occasion de la Saint-Thomas, quatre jours avant Noël. La tradition va se répandre dans tout l’Occident chrétien. La cité alsacienne célèbre Noël avec faste. Pas avare de décorations, d’installations lumineuses répandues dans toute la ville, ce sera l’occasion de découvrir les innombrables biscuits de Noël, bredele, pains d’épice, stollen, leckerlis, streusel, kougelhopfs, bretzels et autres spécialités gourmandes.
La Maison du Pain d’Alsace, véritable musée vivant, est le lieu le plus emblématique pour la plus grande joie des enfants appelés à participer à des ateliers thématiques pour confectionner (et déguster !) ces pâtisseries odorantes parfumées à la cannelle et à l’orange. Un régal !
Denise Cabelli
Renseignements : www.selestat-haut-koenigsbourg.com