Quand le sport est sur l’ordonnance
On associe souvent bonne santé et bon état physique, et donc le sport à la santé. La médecine confirme ce lien et, dans beaucoup de cas, l’exercice physique est recommandé, sinon prescrit : prévention de pathologies, suivi de traitements, dans un contexte de bonne hygiène de vie.
Inscrite dans le Plan national de santé publique/Priorité prévention élaboré par les ministères des Sports et de la Santé, la Stratégie nationale sport-santé 2019-2024 est une politique publique, mise en place dans la lignée des Jeux olympiques et paralympiques 2024. Elle a pour axes : promotion de la santé et du bien-être par l’activité physique et sportive ; développement et recours à l’activité physique adaptée à visée thérapeutique ; protection de la santé des sportifs et renforcement de la sécurité des pratiquants.
Elle vise à améliorer l’état de santé de la population en favorisant l’activité physique et sportive de chacun, au quotidien, avec ou sans pathologie, à tous les moments de la vie. La lutte contre la sédentarité, l’inactivité physique et l’ensemble des pathologies chroniques qui y sont associées est un enjeu de santé publique.
De la même façon que l’inactivité est un facteur de risque face à des maladies chroniques telles le cancer, le diabète, les maladies cardiovasculaires, l’obésité ou encore certains troubles mentaux, il est avéré que le sport et l’activité physique sont bénéfiques pour la santé et peuvent être utilisés dans une démarche de prévention. Par différents mécanismes, la réalisation d’activités sportives ou simplement physiques peut avoir un impact significatif sur la santé individuelle comme collective. Des travaux de recherche importants ont été consacrés aux bénéfices physiques, sociaux, émotionnels et cognitifs du sport et de l’activité physique. On a ainsi mis en évidence que ceux-ci sont intimement liés à la diminution des maladies chroniques et des infections.
Dans le cas des cancers, l’activité physique fait partie des moyens de lutter contre la maladie. Et un certain nombre d’études menées récemment mettent en évidence l’effet bénéfique du sport non seulement en prévention, mais également pendant, et après la maladie. Une étude publiée dans le British Journal of Cancer en 2011 relève que 40 % des cancers pourraient être évités, car ils sont liés à des facteurs de risque que nous pouvons limiter : l’alcool, le tabac, un régime alimentaire déséquilibré, une surcharge pondérale ou l’insuffisance d’activité physique. Même s’il n’y a pas à proprement parler de sport anti-cancer, l’activité physique a un rôle primordial dans la prévention de ce type de maladies. Une activité physique suffisante et régulière permet de lutter contre le surpoids et l’obésité, dont on sait qu’ils sont impliqués dans de nombreux cas de cancers. Mais aussi de moduler la production d’hormones et de facteurs de croissance qui favorisent l’apparition et la croissance de cellules cancéreuses et de réduire l’exposition de la muqueuse digestive aux agents cancérigènes présents dans l’alimentation, en accélérant le transit intestinal. Enfin, elle stimule le système immunitaire. La pratique quotidienne d’une activité physique réduit les risques de 20 % pour les cancers du sein, de 18 % chez l’homme et 20 % chez la femme pour les cancers du côlon, de 26 % pour les cancers de l’endomètre.
Le sport médicament
Une activité physique régulière adaptée (APA) serait aussi recommandée chez les personnes porteuses d’un cancer, pendant le traitement. Elle améliore notablement la qualité de vie des malades, même ceux qui ne pratiquaient pas de sport auparavant. Parmi les bienfaits observés, citons : une diminution des effets secondaires, une meilleure observance thérapeutique et une meilleure tolérance aux traitements ; une réduction de la fatigue et une meilleure qualité du sommeil, une diminution des épisodes dépressifs, enfin une baisse du risque de sarcopénie (diminution de la masse musculaire). Et on a constaté que la pratique du sport pendant le traitement permettait à de nombreux patients de garder une meilleure image de leur corps, malgré son évolution face au traitement. Poursuivre une activité physique présente donc un intérêt pour prévenir les récidives et même les décès. Une étude sur le cancer du sein a montré que la pratique d’un sport après le diagnostic diminue de 24 % les risques de récidive, et de 28 % les risques de décès par cancer.
Le sport peut être aussi mis à contribution pour lutter contre les maladies transmissibles tel
le VIH/Sida. Sport et éducation physique peuvent alors être utilisés comme une plateforme alternative afin de transmettre à la population des informations cruciales sur les risques liés aux maladies transmissibles comme le paludisme, la tuberculose et le VIH/Sida.
Quelles sont les implications pratiques des programmes sport et santé ? On connaît encore mal la combinaison optimale entre le type, la fréquence et l’intensité de l’activité physique pour les différentes populations. Néanmoins, il existe un consensus : une activité physique régulière d’au moins 30 minutes et d’intensité modérée est recommandée pour bénéficier d’un mode de vie sain. Il est également important de choisir des activités présentant un intérêt culturel pour les individus seuls.
Un dernier point : les campagnes de santé publique lancées par les ministères et autres instances concernés font appel au sport pour appeler les communautés à mettre l’accent sur certaines priorités sanitaires. Beaucoup d’initiatives à grande échelle et d’approches ciblées s’attachent à promouvoir les bénéfices sanitaires de la participation sportive et de l’activité physique.
Alain Noël
Les maisons sport-santé
Lancées en 2019 et présentes (et en plein développement) sur tout le territoire, les maisons sport-santé sont habilitées par les agences régionales de santé (ARS) et les directions régionales académiques à la jeunesse, à l’engagement et au sport (Drajes), et leurs missions sont encadrées par la réglementation. Elles participent d’une grande variété de structures : collectivités territoriales, centres hospitaliers, associations sportives, établissements publics, espaces digitalisés, salles de sport. Elles proposent un accompagnement pour les personnes ayant besoin d’une activité sportive adaptée. Ainsi, les patients atteints du cancer, avec une prescription médicale pour une activité physique adaptée (APA), peuvent y rencontrer un accompagnement personnalisé pour pratiquer en toute sécurité une activité sportive. Ils sont encadrés par des professionnels de santé, pour garantir que l’activité est compatible avec leur traitement et leur état de santé, et qu’il en résulte un véritable effet bénéfique. Les maisons sport-santé sont également ouvertes aux personnes sans problème de santé spécifique, qui souhaitent seulement reprendre le sport sans risque, avec l’accompagnement de professionnels. Elles ont notamment accompagné des patients porteurs de maladies chroniques, mais aussi des personnes avançant en âge, pour lutter contre la perte d’autonomie et prévenir les chutes, ou encore des femmes pendant la grossesse ou le post-partum.