©A. Bourgeois

Luxeuil-les-Bains, de pierre et d’eau 

Réputée depuis l’Antiquité pour ses sources chaudes, Luxeuil est riche de dix-sept monuments historiques classés. Un musée à ciel ouvert qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Vous les aimez chlorurées, sodiques, bicarbonatées, sulfatées, alcalines ? Les eaux de Luxeuil sont faites pour vous !
Dès le Ier siècle de notre ère, et même avant, les Romains s’y précipitaient pour bénéficier de ses bienfaits, comme en témoignent les nombreux vestiges spectaculaires miraculeusement conservés. Les sarcophages mérovingiens découverts dans le centre médiéval de la ville en 2005 sont admirablement présentés au sein de l’Ecclésia, un site couvert proposant un parcours muséographique sur des passerelles suspendues. La scénographie, très contemporaine, fait appel à des animations en 3D, des maquettes, et il est possible de bénéficier d’une visite guidée en compagnie d’un conférencier spécialisé.

Bien d’autres surprises attendent le visiteur. La municipalité a eu la bonne idée de tracer un « sentier du patrimoine » commenté sur un audio-guide à emprunter à l’office de tourisme. Une balade d’environ une heure et demie permet d’avoir un avant-goût des incroyables trouvailles patrimoniales qui agrémentent la ville. Et rien n’empêche, selon vos disponibilités et vos goûts personnels, de revenir plus longuement sur les lieux de votre choix.

Il n’est pas nécessaire d’être curiste pour apprécier l’élégante bâtisse en grès rose qui abrite les thermes, édifiée au XVIIIe siècle et ornée de mosaïques des années 1930.

Levez les yeux rue Carnot, la rue des 52 balcons, tout en ferronneries, grilles ouvragées, souvenirs des importantes et talentueuses fonderies locales dont on retrouve la trace à Monaco et même à Cuba !

Au bout de la rue, la Tour des Échevins domine la ville, 33 m de haut, élevée au XVe siècle, ancien hôtel de ville. Un vrai bijou architectural avec ses grandes baies à meneaux, ses sculptures animalières et végétales et ses échauguettes en angle.

Face à la tour, la maison du cardinal Jouffroy et son grand balcon de pierre orné d’une élégante balustrade ajourée. Armés de jumelles, observez les neuf consoles décorées de ce balcon qui serait, selon les dires, le plus ancien balcon suspendu connu en France…

La « Maison » qui n’a de « François 1er » que le nom n’a pas encore révélé l’origine de ce mystère. Vous ne pouvez pas la manquer : en plein centre de la ville, elle s’offre aux regards avec sa façade ornementée de feuillages, de grotesques et de mascarons.

L’abbaye de Luxeuil est dédiée au saint patron de la ville, saint Colomban. Du monastère d’origine, édifié au VIe siècle, il ne reste pas grand-chose. Reconstruite au XVIIe, elle est restée un centre intellectuel et spirituel d’une importance capitale jusqu’au XIe siècle. À noter qu’elle a créé sa propre écriture renommée dans toute l’Europe dès le VIIe siècle. De type mérovingien, cursive et stylisée, elle présente un dessin droit vertical et resserré pour gagner de la place sur les parchemins, riche en ligature, l’une d’elles étant à l’origine de la fameuse esperluette (&). 

Ce symbole typographique toujours abondamment utilisé aujourd’hui représente une ligature (liaison) des lettres « e » et « t ». 

Pour changer de cet univers minéral, profitez des escapades « nature » comme cette balade insolite sur la route des Chalots, petits greniers à bois sans clous ni vis, entièrement démontables. On y mettait à l’abri graines, alcool, nourriture, etc. Pour corser l’expérience, pourquoi ne pas passer une nuit dans l’un des quelques chalots ayant trouvé une nouvelle vie en accueillant des hôtes… Dispersée tout au long de 120 km sur 7 communes, cette échappée sera l’occasion de découvrir quelques perles de ce patrimoine : Fougerolles, le pays de la cerise, inscrit au patrimoine immatériel de la France, la verrerie de La Rochère, toujours en activité depuis sa création en 1475 et classée « Entreprise du patrimoine vivant ».

De retour en ville, place à la mode, avec la célèbre dentelle de Luxeuil, qui fit chavirer l’impératrice Eugénie. Aussi fine que ses concurrentes de Venise, Bruges, Calais, elle s’exportait dans le monde entier, réalisée par les villageoises dont le savoir-faire se transmettait de mère en fille. Pour la petite histoire, l’un des 49 wagons du Train de la reconnaissance, parti de France en 1949 pour exprimer sa reconnaissance aux Américains après la Seconde Guerre mondiale, était garni d’un stock de dentelles de Luxeuil ! Malheureusement, les exigences de rentabilité de l’époque moderne ont entraîné un déclin fatal à cet art unique.

Mais elle a gardé ses adeptes qui se réunissent dans le cadre du conservatoire de la dentelle installé dans l’ancien vestibule du palais abbatial. Des démonstrations s’y déroulent, des stages sont organisés tout au long de l’année.

www.luxeuil.fr / Tél. : 03 84 40 06 41

Denise Cabelli