© Shutterstock

Narbonne, une ville dans le vent

Au sens propre, comme au figuré, l’expression sied comme un gant à la plus grande ville de l’Aude classée « ville d’art et d’histoire ». Dotée d’un patrimoine historique et culturel vieux de 2 500 ans, on lui envie son environnement naturel d’une diversité remarquable. 

Lorsque les Narbonnais se lèvent le matin, ils scrutent le ciel. Quel vent aujourd’hui ? Le cers (appelé aussi tramontane), identifié dès l’Antiquité (du latin circius), vent de terre, violent, soufflant ouest nord-ouest, ou son ennemi, le marin, venant de la mer, soufflant est sud-est et vecteur d’humidité et de pluie ? Froid en hiver, chaud en été, le Cers repousse les nuages vers le large et amène le beau temps. Pline le Jeune, déjà, s’en faisait la remarque : « C’est le vent le plus célèbre de la Narbonnaise ; il ne cède à aucun autre en violence ». Tout bénéfice pour assainir l’air d’une ville entourée d’étangs (et de moustiques !). Narbonne mérite plus qu’une étape en direction de Carcassonne, comme le suggère Charles Trenet dans sa célèbre romance : À la porte du garage. Le « Fou chantant » avait d’ailleurs consacré une chanson à sa ville natale, Narbonne mon amie. Il ne tient qu’au voyageur de suivre pas à pas le poète rue du Pont, rue Droite, quai d’Alsace, jusqu’à sa maison natale, rue Charles-Trenet, aujourd’hui transformée en musée. Pour les fans, c’est un lieu merveilleux où sont déposés des documents d’archives et des souvenirs personnels.

Si aujourd’hui, Narbonne se fait discrète, il n’en a pas toujours été ainsi : Narbo Martius, première colonie romaine en Gaule et capitale de la province de Gaule narbonnaise fut une illustre cité antique. Pour en savoir plus sur sa prestigieuse histoire, une visite s’impose au nouveau musée de la romanité, Narbo Via, qui offre au visiteur des collections archéologiques exceptionnelles mises en valeur grâce aux techniques modernes telles que des écrans tactiles que les visiteurs peuvent manipuler en 3D ou des projections immersives. Situé en dehors du centre ville, Narbo Via est accessible en voiture ou au moyen de navettes gratuites.

Découvrir l’âme de la ville au fil de l’eau, le temps d’une balade fluviale sur le canal de la Robine, c’est la bonne idée avant d’entreprendre une visite plus systématique. C’est un peu l’emblème de la ville. Il bénéficie d’une inscription au patrimoine mondial de l’Unesco et découpe la ville en deux quartiers, la « Cité » au nord, le « Bourg » au sud. 

La curiosité et l’appétit mèneront ensuite vos pas en direction du restaurant des « Grands Buffets », célébré localement et par les touristes du monde entier : il détient le record Guinness du plus grand plateau de fromages au monde avec plus de 111 références à discrétion sans oublier les grands classiques de la cuisine traditionnelle et 50 pâtisseries maison et desserts flambés sous les yeux des convives !

Autre incontournable, les Halles de Narbonne, élues « plus beau marché de France » en juin dernier. Outre ses produits du terroir proposés par des producteurs locaux, il a été préservé et son architecture fin xixe dans le style Baltard fait merveille. On peut y faire ses achats et se restaurer dans des bars typiques à l’ambiance bon enfant. 

Bien qu’inachevée, elle s’impose !

Bien entendu, on ne peut pas faire l’impasse sur la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur, le monument le plus prestigieux de Narbonne. Édifiée entre le xiiie et le xive siècle, elle se hisse au 5e rang pour son chœur parmi les plus hauts de France : 52 m de long et 41 m sous voûte !Vous y découvrirez les tombeaux des différents archevêques, les vestiges du retable sculpté au cours de la seconde moitié du xive siècle, des objets liturgiques précieux, des manuscrits, des tapisseries et la salle dite « du Trésor », aussi appelée salle « acoustique » en raison d’un intrigant phénomène qui permet de communiquer à distance en chuchotant, le son se propageant d’un angle de la salle à l’autre ! Mystère… 

À 10 minutes du centre ville, échappée en direction de  l’abbaye de Fontfroide, membre de la Charte des abbayes et sites cisterciens d’Europe, fondée en 1093. Classée « Monument historique », c’est  un monument privé appartenant à la même famille depuis 1908. Partie prenante dans la croisade contre les Cathares, l’abbaye connaîtra une histoire mouvementée, ponctuée de séismes au sein de l’ordre, et le départ des derniers moines, en 1901. Vendue aux enchères, elle est rachetée en 1908 par les époux Fayet, collectionneurs d’art qui transforment l’abbaye en lieu de résidence pour artistes. Aujourd’hui, elle se visite, des expositions y sont organisées tout au long de l’année et c’est un lieu festif avec restaurant, location de salles pour des événements, séminaires, etc. Encore un peu d’énergie à dépenser avant d’en avoir sa « Clape » ! Mal connue, La Clape est une appellation d’origine contrôlée (AOC) emblématique du département de l’Aude. Longtemps méprisés, les vins du Languedoc ont fait leur mue et réalisé des progrès spectaculaires. On en trouve désormais dans le peloton de tête de grands vins. L’office de tourisme propose aux amateurs de partir à la découverte des caveaux viticoles en suivant « la route de La Clape », un itinéraire où la magie des paysages le dispute aux odeurs ensoleillées de la garrigue et des pins rythmé par le chant des cigales.

Denise Cabelli

Visitez : www.narbonne.fr