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Les nouvelles pratiques de la consommation écoresponsable

Après avoir vécu sur le mythe de la société de consommation, et l’idée que nos ressources étaient illimitées, nous réalisons qu’il n’en est rien. Et nous nous familiarisons avec des mots comme développement durable, responsabilité, ressourcerie, obsolescence.

La société de consommation a-t-elle vécu ? En tout cas, elle est de plus en plus contestée. Et, plus largement, notre mode de vie lui-même. Notre époque connaît une crise écologique : nous sommes conscients que les ressources naturelles sont en voie d’épuisement, faisons face à des pollutions diverses, au non-respect de l’environnement à toutes les échelles, etc. D’ores et déjà, de nombreux chercheurs affirment que nous vivons à crédit. Il faut donc, et des voix de plus en plus nombreuses soulignent qu’il y a urgence, changer notre façon de vivre, nous montrer plus respectueux de la planète. En un mot, nous comporter de façon écoresponsable. Encore appelée responsabilité environnementale, l’écoresponsabilité est une notion apparue dans les années soixante-dix, avant de se révéler centrale dans les travaux du Sommet de la terre en 1992. Il s’agit « d’appliquer les savoirs écologiques, un état de conscience réelle et l’imputabilité des décisions au décideur ». Ce qui revient à dire que les entreprises seront responsables des éventuels dommages qu’elles causeront à l’environnement, du fait de leur activité. Une directive européenne en ce sens a été votée en 2004, et transposée en droit français en 2008. Enfin, un décret de 2009 rend applicable cette loi pour les atteintes aux eaux, aux sols et aux espèces protégées et à leurs habitats, s’il y a détériorations directes ou indirectes mesurables de l’environnement qui créent un risque d’atteinte grave à la santé humaine. C’est à cette même attitude responsable que sont invités les citoyens que nous sommes. On est tous d’accord sur le principe, mais comment le mettre en œuvre ? Le site https://conso.eco propose différentes pistes pour nous guider dans cette « démarche citoyenne » : comment consommer autrement, et vivre de manière écoresponsable ? L’écoresponsa­bilité est un concept assez ouvert, et il s’agit principalement pour chacun de réfléchir à ses actions quotidiennes, en se posant la question : est-ce que mes actes peuvent, ou non, avoir un impact négatif sur l’environnement et les populations ? Le but recherché est de limiter notre impact sur la planète (« Nous n’en avons qu’une », scandent les manifestants ici ou là) pour éviter de la dégrader. Ce qui signifie s’efforcer de maîtriser notre consommation d’énergie, ou encore de réduire nos déchets. Il s’agit en particulier de viser la pratique d’achats qu’on peut qualifier d’éco­responsables.

Des gestes à privilégier

 Une première voie est l’achat de produits, surtout alimentaires, en vrac. On sait que la production de matières plastiques et leur rejet dans la nature participent à la destruction de notre planète. On trouve de plus en plus de commerces (y compris des grandes surfaces) qui ont intégré cette tendance de la consommation et proposent des produits sous forme de vrac. On apporte au magasin son propre contenant, type bocal en verre, et on évite ainsi l’emballage dont il faudrait ensuite se débarrasser. Graines, féculents, sucre, farine… sont les principales familles concernées.

Autre conseil, éviter le gaspillage alimentaire, en achetant uniquement le nécessaire, ce qui évite d’ensuite de jeter l’excédent. On trouve ici ou là des recettes anti-gaspillage ; on peut aussi prendre l’habitude de congeler les restes, ou donner ce qu’on ne consomme pas, et enfin s’habituer à résister aux packagings marketing. 

Il est par ailleurs utile de limiter sa consommation de viande, en particulier de viande rouge, à deux ou trois fois par semaine : sa production est gourmande en énergie (éclairage et chauffage des lieux de vie des animaux, pesticides et engrais utilisés dans la production des fourrages). L’attention aux labels écoresponsables peut nous guider dans nos achats. Ils garantissent la qualité du produit, et certifient qu’ils répondent à certaines normes et résultent de modes de production et de commercialisation respectueux de l’environnement. Les principaux sont : l’Écolabel européen, NF Environnement, AB, Fairtrade Max Havelaar (pour le commerce équitable), Biopartenaire. Préférer l’eau du robinet à celle en bouteilles plastiques est une mesure de bon sens, puisqu’elle est contrôlée et très abordable, sans compter qu’elle n’est pas acheminée par des camions l’apportant parfois de loin. 

Autre façon de manger sainement et pour des coûts modérés, opter pour des produits locaux. Il est clair qu’un produit arrivant du bout du monde est plus coûteux pour la planète que celui qui a été produit par un producteur exerçant dans votre région. Privilégier cette solution a le double avantage de diminuer son empreinte carbone, et de contribuer au développement de l’économie locale. Les Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) participent de ce mouvement. 

Côté transports, la même démarche peut être suivie. Préférer les transports en commun à son véhicule individuel diminue les émissions de gaz polluants de l’air. Bus, métro, tramway, chemin de fer pour les trajets plus longs (plutôt que l’avion), sont des modes de déplacement à privilégier. Sans parler de ce qu’on nomme les mobilités douces : le vélo, pour ne rien dire de la marche à pied. D’autres éléments de cette écoresponsabilité sont la lutte contre l’obsolescence programmée (le fabricant fixe à l’avance la durée de vie du produit qu’il vend) interdite depuis 2015 en France, le reconditionnement (des produits « de seconde main », dont le bon état est vérifié, sont proposés aux consommateurs), etc. Dans ce même esprit de réduction des déchets, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) a mis en place un indice de réparabilité, qui permet à l’acheteur de connaître la possibilité de réparation du produit acheté : lave-linge, smartphone, ordinateur portable, téléviseur…

Alain Noël