Le transhumanisme, pour une humanité augmentée
Mouvement venu du Royaume-Uni puis des USA, le transhumanisme milite pour une humanité vivant plus longtemps en meilleure santé, ceci grâce aux ressources de la biologie, de la robotique et de l’informatique.
L’amélioration de nos performances physiques et mentales est-elle en route ? Ce qui était de la science-fiction va-t-il advenir « pour de vrai » ? Des chercheurs de MIT ont implanté un faux souvenir dans le cerveau d’une souris, ce qui pourrait mener à une nouvelle forme d’apprentissage (contre le stress post-traumatique, par exemple). D’autres ont conçu un implant cérébral qui a amélioré les performances cognitives de cinq singes rhésus… Ailleurs, un dispositif permet à un homme dont la moelle épinière a été endommagée de remarcher, grâce à un mouvement commandé par sa pensée. Le transhumanisme recommande l’usage des sciences et des techniques (biologie, robotique, informatique) pour améliorer la condition humaine par l’augmentation des capacités de l’être humain, voire de supprimer le vieillissement et la mort. Ou tout au moins de les retarder. Il n’est pas question, selon ses promoteurs, de chercher à créer quelque surhomme (qui évoquerait de sombres souvenirs), mais d’augmenter l’humanité, en utilisant les progrès de la médecine, de la technologie, de l’informatique, de la robotique et de tout ce qui s’apparente à l’intelligence artificielle. Pour le biologiste Julian Huxley, le transhumain était un « homme qui reste un homme, mais se transcende en déployant de nouveaux possibles de et pour sa nature humaine ». Pour l’essayiste Luc Ferry, le transhumanisme a des buts aussi prometteurs et légitimes : compléter la médecine thérapeutique par une médecine « méliorative » qui augmente la longévité et lutte contre les maux de la vieillesse par une reprogrammation cellulaire restaurant nos cellules souches et éliminant les cellules sénescentes ; compléter la lutte contre les inégalités sociales par la lutte contre les inégalités naturelles.
Oui, mais…
Ce beau projet n’a-t-il pas un revers moins enthousiasmant ? On peut y voir un plan élitiste, réservé aux plus riches. Ou alors, que coûtera-t-il à la collectivité ? Si la protection sociale ne prend pas en charge ces techniques « mélioratives », la justice sociale sera malmenée. Les inégalités socio-économiques se creuseront entre ceux qui recourront à ces nouvelles technologies, et ceux qui ne voudront ou ne pourront pas, faute de moyens. D’autres auteurs dénoncent un moyen de maintenir au travail des seniors qu’on jugera aptes à poursuivre leur vie professionnelle jusqu’à un âge de plus en plus avancé. Certains intervenants, enfin, dénoncent une idéologie néolibérale et individualiste, centrée sur la maximisation de la productivité et de la performance, via des solutions technologiques aux problèmes humains, au mépris d’un projet politique.
Alain Noël