Des jardins,des marchés, des abris

Des jardins, des marchés, des abris

Dans différents endroits de l’Hexagone, des écocitoyens ont adopté de nouvelles habitudes de consommation, certains se réapproprient la ville pour cultiver à leur manière et d’autres aident les sans-abri en retissant des liens sociaux. Rencontres.

Sandrine est convaincue depuis longtemps. À Belleville, puis dans le Val-de-Marne, elle aime l’idée d’acheter à « des gens qu’on connaît ». Au départ, il s’agissait de manger bio, et de manger de saison. Puis de manger local, et de soutenir l’agriculture locale. Puis est venu le désir de s’investir, par le biais d’ateliers de cuisine, de pose de haies… Mais pour elle, « le grandavantage, c’est qu’on sait d’où vient ce qu’on achète. Important, aussi, la pédagogie, vis-à-vis des enfants.Et puis on assure un revenu à l’agriculteur, puisqu’on le paieà l’année ! »Au passage, elle réfute « l’idée reçue selonlaquelle le bio, c’est cher. Pas tant que ça ; en fait on paieun panier environ 20 euros, et on ne jette pas, parce qu’on est investi ». Depuis la naissance de Paul, son fils aîné, elle a le souci de « vivre sain, et d’élargir le spectre de ce [qu’elle] consomme. » Elle insiste sur l’importance de « ne pas faire venir des produits du bout du monde, de consommer local ». Et termine : « À l’école, les enfants ont une éducation à la réduction des déchets. Par ailleurs, on leur montre des ruches. C’est important ! »

À la Serre aux légumes, dans le 19e arrondissement de Paris, Éliane nous parle de ce jardin partagé. Elle préside l’association qui le gère depuis plus de 20 ans, après une bagarre pour empêcher la construction d’un immeuble de cinq étages sur le site. Le terrain appartient à la ville de Paris, qui le concède (pour cinq ans renouvelables) à l’association pour en faire un jardin, sur 340 mètres carrés. Celui-ci est divisé en quatorze parcelles plus trois parcelles communes. Chaque adhérent signe avec l’association un contrat d’un an renouvelable pour une parcelle. Il y fait pousser les légumes de son choix, en s’interdisant d’utiliser engrais chimiques et pesticides. Le jardin a en effet vocation à rester un potager, même si des fleurs poussent sur les parties communes. L’association a l’obligation d’ouvrir le jardin au public un jour par semaine – elle a opté pour le dimanche – ainsi qu’une fois par an, à l’occasion de la Fête des jardins. Nous sommes, indique fièrement Éliane, « le premier jardin partagé de Paris ; aujourd’hui, il en existe une trentaine ».

Dans l’Hérault, loger les gens de la rue. Dans ce département au fort taux de chômage, deux jeunes ont lancé le projet de proposer un abri urbain de transition pour les sans‑abri*. Il a la forme d’un kiosque et comprend un lit, des rangements, une table et un point d’eau. Outre le but d’abriter une personne exclue, il s’agit aussi de la diriger « vers un retour à la vie, à l’emploi et au logement ». Les initiateurs veulent constituer des communautés d’aidants, les « cocooners ». Le kiosque aura pour seul support financier probable des affichages publicitaires sur une façade extérieure. Autour du « Cocoon », un accompagnement citoyen (complémentaire de l’action des travailleurs sociaux) aidera à « renforcer les liens sociaux, à créer un réseau de solidarité et à faciliter un retour au logement et à l’emploi ».

Alain Noël

* Pour en savoir plus : Facebook.com/refugecocoon