Une consultation prénatale améliore la santé des futurs pères
L’hôpital de Montreuil a mis en place une consultation prénatale dédiée aux futurs pères entre 2021 et 2022. Cette initiative a été une porte d’entrée vers des soins, particulièrement chez les plus éloignés du système de santé.
Une étude révèle que les consultations prénatales dédiées aux futurs pères améliorent significativement leur accès au système de soins. Les résultats de cette initiative, menée entre 2021 et 2022 à l’hôpital de Montreuil, ont été publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France, le 13 mai. Ces consultations ont ainsi permis de diagnostiquer des pathologies et de mettre à jour les vaccinations. Elles ont aussi été l’occasion d’orienter les pères vers des professionnels de santé ou du social.
La grossesse de la conjointe : une occasion en or
La grossesse est une période où les femmes ont de multiples contacts avec le système de santé. Elles font l’objet d’un suivi médical rigoureux. Elles bénéficient de mises à jour vaccinales et du dépistage de différentes pathologies (lire notre article sur le placenta accreta). Cependant, les futurs pères n’ont pas ces opportunités. L’hôpital de Montreuil a donc décidé de mettre en place une consultation prénatale qui leur est dédiée. L’objectif était « de réintroduire les hommes dans le système de santé à l’occasion de la maternité de leur conjointe ».
1 347 futurs pères ont participé
Entre 2021 et 2022, les pères d’enfants à naître ont donc été invités à une consultation médicale. Leurs partenaires avaient auparavant accepté qu’ils soient contactés. Ce rendez-vous incluait un bilan biologique, une mise à jour vaccinale, et un accès à une équipe pluridisciplinaire et à un médecin généraliste.
Au total, 1 347 participants ont été comptabilisés sur la période. Leur âge médian était de 35 ans et 40 % attendaient leur premier enfant. Dans le détail, 14 % n’étaient jamais allés à l’école ou n’avaient pas dépassé le niveau primaire. Ils étaient 18 % à avoir un emploi précaire et 13 % à être au chômage. Près des deux tiers étaient immigrés dont 63 % étaient en France depuis sept ans ou plus. Enfin, 27 % n’avaient pas de médecin traitant et n’étaient jamais, ou presque, en contact avec le système de santé.
Diagnostic, vaccination, orientation
Parmi les participants, 18 % ont été diagnostiqués avec une pathologie ou une maladie en rupture de suivi. Il s’agissait majoritairement d’hépatite B chronique, de problèmes cardio-métaboliques et d’affections dermatologiques. Par ailleurs, 17 % des futurs pères ont été orientés vers un professionnel de santé et 11 % vers un travailleur social.
De plus, 44 % ont été vaccinés. Ils ont notamment reçu des injections contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, et la coqueluche (DTPC) mais aussi contre la rougeole, les oreillons, et la rubéole (ROR).
Un dépistage du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) a, enfin, été proposé à 1 297 participants et 98,8 % d’entre eux l’ont accepté. « Aucune infection n’a été découverte », indique le BEH.
Un impact sur les populations vulnérables
L’étude a démontré que cette consultation prénatale était particulièrement importante pour les hommes sans couverture maladie. Ainsi, 41 % ont reçu un diagnostic médical, 41 % ont été adressés à un soignant, 72 % à un travailleur social, et 73 % ont eu un ou plusieurs vaccins.
« En termes de diagnostics, remises en soins, adressages et mises à jour vaccinales, les principaux bénéficiaires de la consultation ont été les immigrés précaires », constatent les auteurs. Tous participants confondus, « la couverture vaccinale contre les pathogènes pourvoyeurs d’infections graves du nouveau-né a été améliorée et le dépistage prénatal du VIH étendu aux pères », ajoutent-ils.
Vers une consultation prénatale pour tous les pères ?
Les auteurs de l’étude soulignent finalement l’utilité de la consultation prénatale paternelle. C’est, en effet, « un outil de prévention qui a démontré son efficacité et contribuerait à une réduction des inégalités de genre et sociales de santé ». Mais son développement à grande échelle se heurte à la question de son financement. Une consultation longue et complexe est également coûteuse.
En attendant, cette initiative est actuellement déployée à l’échelle de la ville de Montreuil. Son évaluation est en cours et fera l’objet d’une nouvelle étude.