Victor Hugo (1802-1885)
« L’homme est fait non pas pour traîner ses chaînes, mais pour ouvrir ses ailes ».
Fils d’un général d’Empire, il est à ses débuts poète et monarchiste, mais les événements de 1830 provoquent en lui de profonds changements d’idées et en font le chef de file du mouvement romantique. Il gagne avec Gérard de Nerval et Théophile Gautier la bataille d’Hernani contre les partisans du théâtre classique.
Écrivain de génie, il voit sa notoriété se transformer en célébrité. En 1841, il est élu à l’Académie française. Il perd sa fille Léopoldine en 1845 et semble chercher dans la politique un apaisement à sa douleur. Ému par les souffrances du peuple, Victor Hugo devient républicain et affiche son hostilité et son mépris à Napoléon III qui le fait exiler à Jersey puis Guernesey en 1851.
En 1859, il refuse l’amnistie de l’empereur. Pendant cet exil qui dure près de vingt ans, il produit la partie la plus riche de son œuvre dont, entre autres, Les Misérables en 1862 qui deviendra un chef-d’œuvre mondial.
De retour en France en 1870, Hugo est accueilli comme le symbole de la résistance du Second Empire. Il est élu député de Paris, puis sénateur.
Sensible aux mystères du monde, Victor Hugo essaye d’accorder sa vision spirituelle de l’univers à une conception rationaliste et optimiste de l’histoire de l’humanité. Au fur et à mesure de son évolution il devient foncièrement anticlérical et dénonce avec force l’obscurantisme.
Ses funérailles nationales à Paris seront grandioses.
Victor Hugo restera sans conteste l’une des figures emblématiques de la littérature et de la politique française. Son œuvre a influencé de nombreux écrivains et artistes tant en France qu’à l’étranger. Baudelaire le considérait comme un « esprit sublime ».
Partisan de l’abolition de la peine de mort, de l’éducation gratuite et obligatoire, du droit des femmes, son engagement politique, social et culturel a fait de lui un symbole de résistances et de luttes pour les libertés individuelles et collectives.
Il restera comme l’un des plus grands auteurs, mondialement connu, portant au plus haut les valeurs humaines de dignité, de responsabilité, de générosité, de liberté et de culture.
Bernard Montini
Discours à l’Assemblée nationale en 1848 : du péril de l’ignorance
Quel est le grand péril de la situation actuelle ? L’ignorance, l’ignorance plus encore que la misère, l’ignorance qui nous déborde, qui nous assiège, qui nous investit de toutes parts. C’est à la faveur de l’ignorance que certaines doctrines fatales passent de l’esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau des multitudes […]. Et c’est dans un pareil moment, devant un pareil danger, qu’on songerait à attaquer, à mutiler, à ébranler toutes ces institutions qui ont pour but spécial de poursuivre, de combattre, et de détruire l’ignorance. […]
Quand donc comprendra-t-on que la nuit peut se faire dans le monde moral et qu’il faut allumer des flambeaux pour les esprits ! […]
Un mal moral, un mal profond nous travaille et nous tourmente, ce mal moral, cela est étrange à dire n’est autre chose que l’excès des tendances matérielles. […]
Eh bien, la grande erreur de notre temps a été de pencher, je dis plus, de courber l’esprit des hommes vers la recherche du bien matériel. […]
Il importe de remédier au mal ; il faut redresser pour ainsi dire l’esprit de l’homme ; il faut, et c’est la grande mission du ministère de l’instruction publique, […] le tourner […] vers la conscience, vers le beau, vers le juste et le vrai, vers le désintéressé et le grand. C’est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même et par conséquent la paix de l’homme avec la société.
Pour arriver à ce but, que faudrait-il faire ? […] Il faudrait multiplier les écoles, les chaires, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies. Il faudrait multiplier les maisons d’études […] ; tous les établissements […] où l’on médite, où l’on instruit, où l’on se recueille, où l’on apprend quelque chose, où l’on devient meilleur ; en un mot, il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l’esprit du peuple, car c’est par les ténèbres qu’on le perd.
Victor Hugo