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Tout pour ma planète

Même si on ne suit pas au jour le jour son empreinte carbone ou l’évolution des températures, la plupart d’entre nous sommes sensibilisés à la question environnementale. Nous avons pris conscience de la crise écologique et compris la nécessité d’un changement de modèle de développement. Les initiatives pour l’avenir se multiplient, et ce dans différents domaines : Amap, recyclage, lutte contre l’obsolescence programmée, ressourceries…

Après des décennies d’efforts d’expansion économique revendiquée ou tacitement assumée, l’espèce humaine a fini par réaliser que la terre n’était pas auto-nettoyante – et qu’il fallait donc corriger la pollution –, mais aussi que les ressources de la planète n’étaient pas inépuisables. Ce qu’exprime le slogan selon lequel, pour assurer le même développement industriel à tous les pays, il nous faudrait plusieurs planètes ! Il en a résulté une attitude nouvelle de respect de l’environnement (relatif : il reste beaucoup à faire en matière de changement des comportements), un effort pour moins polluer, en réduisant nos émissions de CO2 et l’utilisation de plastiques et de matériaux « jetables ». Les Amap sont un exemple de l’application de cette évolution. Les participants de ces « associations pour le maintien d’une agriculture paysanne » forment un partenariat entre un groupe de consommateurs et un agriculteur, généralement une ferme. Le paysan bénéficie d’une alternative économique grâce à laquelle il peut maintenir son activité. Le consommateur, lui, accède à des produits frais, locaux, sains, cultivés dans une agriculture à taille humaine sans impact négatif sur l’environnement. Tout repose sur un contrat d’engagement qui détaille le fonctionnement pratique et éthique : le producteur s’engage à partager équitablement sa production. L’Amap existe pour divers types de productions agricoles. Ainsi, l’adhérent d’Amap maraîchère reçoit une fois par semaine un panier de légumes en contrepartie de son engagement solidaire. Une autre façon de revenir à une consommation plus naturelle est le jardin partagé, communautaire, associatif ou encore collectif (qui n’est pas un jardin familial ou un jardin ouvrier). C’est un jardin rural ou urbain géré en commun par un groupe d’habitants. La dénomination de jardin partagé est celle choisie par la France depuis 2014. Le locavorisme répond à la même logique. Il encourage chacun à préférer les produits frais et de saison achetés au marché, aux agriculteurs ou aux paysans locaux (par exemple dans les Amap, les points de vente collectifs ou les cueillettes à la ferme). Il incite également à choisir ses aliments, en privilégiant la qualité du produit frais, local, dont le goût est réputé meilleur que celui des produits industriels. Ses partisans font valoir que l’expédition sur de longues distances exige souvent plus d’énergie fossile (produits phytosanitaires ou pesticides accompagnant les modes de culture conventionnelles, carburant nécessaire au transport, plastiques et polystyrènes pour le suremballage, industrie de production ferroviaire, navale, routière). Une position pondérée par l’Ademe*, qui juge que, en termes d’impact sur l’environnement, « la diversité des circuits courts ne permet pas d’affirmer qu’ils présentent systématiquement un meilleur bilan environnemental que les circuits « longs », notamment en matière de consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre si les moyens de transport utilisés sont inadaptés, si la logistique est insuffisamment optimisée ou si le comportement du consommateur est inadéquat. ».

Les ressources sont limitées

Fini le gaspillage des ressources, dont on a compris qu’elles étaient limitées. Racheter dès que c’est usé ou cassé, voire simplement démodé : fini ! Prenons le chemin de la ressourcerie. C’est une structure – inscrite dans les Programmes locaux de prévention des déchets et dans le schéma de gestion des déchets du territoire – qui gère la récupération, la valorisation et la revente de biens sur un territoire donné. Elle joue un rôle de sensibilisation et d’éducation à l’environnement (écocitoyenneté). Ces lieux ont aussi, souvent, un rôle dans l’insertion par l’activité économique, ce qui leur confère une dimension sociale supplémentaire. Une ressourcerie est actrice d’un développement local durable et noue de nombreux partenariats, crée des emplois sur un territoire, privilégie le service à la population, tout en veillant à la qualification et à l’épanouissement de ses salariés. Autre démarche d’économie des ressources, la lutte contre l’obsolescence programmée est inscrite depuis 2015 dans une loi qui fait de celle-ci un délit. On la définit comme l’ensemble des techniques par lesquelles un industriel vise à « réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement ». La loi protège le consommateur contre ces pratiques. C’est dans un esprit similaire que s’inscrit l’économie circulaire, distincte du recyclage. Elle met en avant des produits « conçus pour être sobres, lors de leur construction comme de leur usage ; conçus de façon à être réparables et leur maintenance prévue ; devant être réutilisés, mutualisés et dont l’usage doit être maximisé ; devant être démontables en vue du réemploi des sous‑systèmes fonctionnels qui fournissent la construction de nouveaux produits et dont les éléments ne pouvant plus être remanufacturés sont recyclés dans la mesure du possible », selon le schéma de l’économie circulaire défini par l’Ademe. Réparer et recycler ce qui peut l’être est une tendance actuelle, de même que l’achat d’occasion. La loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (du 1er janvier 2021) oblige les industriels à afficher un indice de réparabilité pour cinq catégories « pilotes » : lave-linge à hublot, smartphone, ordinateur portable, téléviseur, tondeuse à gazon. Le but est d’arriver d’ici cinq ans à 60 % de taux de réparation des produits électriques et électroniques.

Alain Noël

*Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Établissement public à caractère industriel et commercial sous tutelle des ministères de la Transition écologique et solidaire et de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.