Le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, en partenariat avec plusieurs acteurs de la santé et de la prévention, déploie une campagne d’information inédite en pharmacie pour lutter contre la soumission chimique.

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Soumission chimique : une campagne d’information nationale est lancée

Le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, en partenariat avec plusieurs acteurs de la santé et de la prévention, déploie une campagne d’information inédite en pharmacie pour lutter contre la soumission chimique.

Avec l’horreur du procès des « viols de Mazan », le sujet de la soumission chimique s’est imposé dans l’actualité. Pour lutter contre ce fléau, le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes a lancé ce lundi 2 décembre 2024, et de concert avec plusieurs institutions, une campagne d’information nationale en officine. L’objectif est de sensibiliser le grand public et les professionnels de santé à cette forme de violence souvent méconnue. Cette action s’inscrit plus largement dans la politique gouvernementale de lutte contre les violences faites aux femmes, édifiée Grande cause nationale du premier quinquennat d’Emmanuel Macron.

La soumission chimique : un phénomène insidieux

La soumission chimique désigne l’administration, à l’insu ou sous la menace, de substances psychoactives dans le but de rendre la victime vulnérable ou inconsciente. Une pratique souvent utilisée pour faciliter des agressions sexuelles, qui peut également être exploitée à des fins criminelles (viols, actes de pédophilie) ou délictuelles (violences volontaires, vols).

Contrairement aux idées reçues, cette violence ne se limite pas aux milieux festifs, mais peut aussi trouver place dans des environnements plus familiers ou professionnels. Elle ne concerne pas non plus que le GHB (ou gamma-hydroxybutyrate, surnommé « drogue du violeur ») mais aussi d’autres substances comme les tranquillisants, les somnifères, ou autres drogues. Le manque de visibilité de ce phénomène, couplé à la difficulté pour les victimes de reconnaître les signes d’une soumission chimique, tend à aggraver la situation.

En 2022, le Centre d’addictovigilance de Paris a reçu 2 197 déclarations, dont 1 229 agressions facilitées par des substances retenues après évaluation, soit une hausse de 69,1 % par rapport à 2021. Les lieux festifs arrivent en tête à 46,9 %. « Les agressions sexuelles sont toujours les signalements suspects les plus mentionnés (58,4 %) aussi bien chez les femmes (63,9 %) que les hommes (33,3 %) et quel que soit l’âge, suivies des tentatives de soumission chimique (9,6 %), des vols (7,1 %), des violences physiques (5,1 %) », indique le centre.

Le rôle crucial des pharmaciens

Face à ce constat alarmant, le ministère chargé l’Égalité entre les femmes et les hommes, avec le Centre de référence sur les agressions facilitées par les substances (CRAFS), l’Ordre national des pharmaciens, la Société francophone des sciences pharmaceutiques officinales (SFSPO), ainsi que l’association #MendorsPas, fondée par Caroline Darian (la fille de Gisèle Pélicot) se sont associés. La campagne se déploie sous forme d’affiches, de brochures et de vidéos, qui seront disponibles dans les officines, les laboratoires de biologie médicale et les établissements de santé à travers toute la France. Ces supports, accessibles via le site du Cespharm (Centre de services des pharmaciens), contiennent des informations essentielles sur la soumission chimique, les signes à repérer et les démarches à suivre en cas de suspicion.

Les pharmaciens, en première ligne de contact avec le public, jouent ainsi un rôle crucial dans cette campagne. Leurs compétences et leur écoute sont essentielles pour identifier les premières alertes et guider les victimes vers les dispositifs de soutien appropriés.

Accompagner les victimes de soumission chimique

L’objectif est de : « sensibiliser à la soumission chimique, orienter les victimes, leurs proches et plus largement toutes les citoyennes et tous les citoyens vers la plateforme et le numéro national dédiés à la soumission chimique », indique le communiqué du ministère. La plateforme de santé publique dédiée du Crafs « informe sur les substances utilisées en soumission chimique, leurs délais de détection, les analyses et autre recueil de preuve ». Il est également possible de déclarer une agression en ligne. De plus, des téléconseillers spécialisés sont disponibles au 01 40 05 42 70, du lundi au vendredi, de 9 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures.

Par ailleurs, pour améliorer la prise en charge des potentielles victimes, Michel Barnier, alors Premier ministre, a annoncé le 25 novembre dernier, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le remboursement de kits individuels de détection de soumission chimique par l’Assurance maladie. Un dispositif mis en place à titre expérimental dans plusieurs départements (lire notre article). Un nouveau pas dans l’accompagnement des victimes de soumission chimique.

© CIEM / Constance Périn