Le Samu de l’environnement traque les pollutions
Quand une pollution de l’eau, de l’air ou du sol est signalée, le Samu de l’environnement intervient et pratique des analyses directement sur le terrain. L’association pose un diagnostic, recherche la source de la contamination et conseille les différents acteurs pour améliorer la situation.
L’environnement aussi dispose de son Samu : le Service d’analyse mobile d’urgence. Cette association est représentée en France par deux antennes, une en Bourgogne-Franche-Comté et une en Alsace. La Fédération française des Samu de l’environnement est présidée par Charles Dreyfus, un pêcheur sensible à la démarche écologique, qui se présente comme « apolitique et non militant ». Il estime répondre à un besoin : celui de « protéger les milieux au travers d’actions de diagnostics et d’interventions rapides en cas de contamination ».
Une unité d’analyse mobile
La principale mission de l’association consiste en effet à se déplacer en urgence quand survient une pollution. « Nous avons des sentinelles sur le terrain qui nous préviennent et nous pouvons nous rendre sur place pour faire des prélèvements », indique Charles Dreyfus. Armés de leurs mallettes et d’une camionnette équipée, les bénévoles vont effectuer plusieurs tests. « Nous pouvons faire des analyses pour déterminer l’acidité de l’eau, par exemple, ou mesurer le taux de nitrites avec un produit colorimétrique, explique-t-il. Cela nous permet de poser rapidement un diagnostic. » Nul besoin d’être chimiste pour enregistrer et comprendre les résultats, « même si les bénévoles sont formés sur les grands principes de base de la chimie et sur les techniques de prélèvement », précise le président. Le matériel d’analyse de l’association est conçu pour être efficace et simple d’utilisation. « Nous travaillons également avec des laboratoires spécialisés et avec des partenaires qui nous permettent d’obtenir une étude plus fine », ajoute Charles Dreyfus. Les équipes du Samu de l’environnement mènent de véritables enquêtes sur le terrain. « Si on nous contacte suite à une pollution dans une rivière, nous remontons petit à petit vers l’amont pour déterminer la source du problème, détaille le président de la fédération. Il s’agit le plus souvent d’intrants agricoles ou industriels, mais cela peut aussi venir de produits enterrés dans le sol, qui ressortent des années, voire des dizaines d’années plus tard. »
Sensibiliser et conseiller
Une fois l’origine de la pollution identifiée, l’association tente de la stopper ou, tout du moins, de la limiter. Le dialogue s’engage alors avec le pollueur. « La discussion se déroule généralement bien, constate Charles Dreyfus. Il faut mettre les choses à plat et bien expliquer notre démarche. Nous ne sommes pas là pour faire la police ou pour donner des amendes, mais bien pour protéger l’environnement. Le plus souvent, les gens n’avaient pas réellement conscience de la situation et de la pollution qu’ils généraient ou de son impact avant notre intervention. » Les bénévoles donnent des conseils pratiques et accompagnent les différents acteurs dans une démarche de prévention. Ils apportent également leur expertise aux collectivités locales. « Nous pouvons proposer notre aide aux mairies qui font face à une problématique de pollution de l’eau potable, illustre-t-il. Elles ont souvent pour réflexes de repenser leurs installations de traitement des eaux, ce qui est coûteux, au lieu de procéder en amont. Nous leur recommandons d’agir sur la source de la pollution plutôt que sur ses conséquences, car la supprimer est plus efficace pour améliorer la qualité de l’eau et protéger la diversité locale de la ressource. » Le Samu de l’environnement s’est aussi donné pour mission d’éveiller la conscience écologique, notamment, des plus jeunes. « Nous intervenons pendant les temps postscolaires dans quatre écoles de Strasbourg, indique le président de la fédération. Nous leur expliquons les principes et les phénomènes chimiques et biologiques de manière ludique. Grâce à des microscopes, ils peuvent observer les plantes et comprendre comment elles respirent. Ce volet de notre activité est très important pour sensibiliser les adultes de demain et assurer la relève. »
© C i E M / Léa Vandeputte
Pour en savoir plus :
Samudelenvironnement.org et Samudelenvironnementbfc.fr.
Un peu d’histoire
Le Samu de l’environnement est né en 1994, mais c’est en 2000, lors du conflit armé au Kosovo, qu’il est intervenu pour la première fois pour analyser en urgence l’eau, l’air et les sols afin de protéger la population des contaminations liées à l’usage d’armes chimiques. Après cette mission humanitaire, le concept est importé en France et, en 2003, l’antenne d’Alsace est créée sous l’impulsion du docteur Fariborz Livardjani. Il s’inspire de son expérience au Kosovo pour concevoir des unités mobiles d’intervention rapide capables d’analyser 150 polluants et noue petit à petit des partenariats avec des structures existantes spécialisées (laboratoires, fabricants de matériels). Aujourd’hui, l’équipe de l’association est composée de jeunes de 18 à 28 ans en service civique et de retraités bénévoles qui poursuivent l’aventure.