Prévention des risques professionnels : une priorité même pour le père Noël
À l’occasion des fêtes de fin d’année, l’Assurance maladie lance une campagne originale pour sensibiliser à la prévention des risques professionnels. L’objectif : promouvoir les solutions qui permettent de réduire les maladies et les accidents du travail.
« Les risques professionnels concernent tout le monde, même le père Noël. » C’est le titre de la campagne que la branche Risques professionnels de l’Assurance maladie diffuse depuis le 9 décembre. Et son format est pour le moins surprenant. La vidéo de la campagne met en scène le père Noël qui pose sa hotte pour se lancer dans un rap. Il y explique les risques de son métier : travail de nuit, mal de dos, risque de chute, surmenage…
L’objectif affiché est bien sûr d’interpeller mais aussi d’informer « sur les solutions, les dispositifs et les accompagnements disponibles pour lutter contre les risques majeurs ».
L’enjeu majeur des troubles musculosquelettiques
Justement, les troubles musculosquelettiques (TMS) sont la première cause de maladies professionnelles en France avec 87 % des cas. Ils affectent principalement les articulations des membres supérieurs (épaules, coudes, mains, poignets et doigts) et le bas du dos. Leur apparition est, le plus souvent, liée à des gestes répétitifs, à des postures prolongées ou à des manipulations de charges lourdes.
Selon le baromètre de Santé publique France, publié en avril, 58 % des femmes et 51 % des hommes de 18 à 64 ans ont déclaré souffrir de TMS en 2021 (lire notre article). Ce problème de santé publique est d’autant plus préoccupant que le mal de dos représente 20 % des accidents du travail.
Les risques chimiques invisibles mais omniprésents
Les risques chimiques constituent la deuxième cause de maladies professionnelles en France. Ils sont en effet « le résultat de l’exposition à un ou plusieurs produits chimiques dangereux ou à leur utilisation », explique Ameli.fr. Ces risques demeurent méconnus alors même qu’ils concernent un salarié sur trois. Ils sont, de plus, à l’origine de 1 800 cancers professionnels reconnus chaque année. Mais ils peuvent aussi engendrer des intoxications ou encore des allergies.
Les chutes à ne pas négliger
L’Assurance maladie insiste également sur les risques liés aux chutes. « En France, les chutes de hauteur sont la deuxième cause de mortalité au travail. » De nombreux travailleurs y sont exposés de manière temporaire ou régulière (dans les bâtiments et travaux publics, le spectacle, la maintenance…).
Par ailleurs, les chutes de plain-pied, si elles semblent de prime abord plus anecdotiques, ne sont pas sans danger. Elles constituent, en effet, la deuxième cause d’accidents dans l’environnement professionnel. Tous les salariés sont cette fois-ci concernés, ceux qui travaillent sur les chantiers, dans les entrepôts et même dans les bureaux.
Ces deux types de chutes sont pourtant évitables. La mise en œuvre de mesures de prévention est donc capitale.
Le risque routier souvent sous-estimé
Autre danger qui pèse sur les salariés : le risque routier. « En mission, et en trajet domicile/travail, le risque routier est à l’origine d’environ 30 % des accidents mortels en lien avec le travail », constate l’INRS. De nombreuses personnes conduisent dans ce cadre, que ce soit occasionnellement ou régulièrement (commerciaux, artisans, conducteurs routiers, coursiers…). « Satisfaire aux exigences professionnelles tout en respectant le Code de la route impose parfois de fortes contraintes aux conducteurs (ponctualité, respect des limites de vitesses, réactivité, interdiction de téléphoner au volant…) », estime l’Institut.
Prévenir le risque routier demande ainsi d’agir « sur l’organisation (du travail, des déplacements…), les moyens (véhicules, techniques d’échange ou de communication à distance…) et la gestion des compétences (recrutement, formation, information) ».
Préserver la santé physique et mentale des salariés
Enfin, les risques psychosociaux (RPS) doivent être pris en compte. Ils correspondent à des situations de travail où sont présents, de manière combinée ou non, du stress, des violences internes et/ou externes à l’entreprise. Les RPS « ont des conséquences directes sur la santé des salariés, notamment en termes de maladies cardiovasculaires, d’affections psychiques, d’épuisement professionnel (burn out), voire de suicide », indique l’Assurance maladie.
« Le phénomène n’épargne aucun secteur d’activité, complète l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) sur son site. Indépendamment de leurs effets sur la santé des individus, les risques psychosociaux ont un impact sur le fonctionnement des entreprises (absentéisme, turnover, ambiance de travail…). »
Des outils de prévention des risques professionnels
Cette campagne est l’occasion de rappeler que la prévention des risques professionnels est l’affaire de tous. Face à cet enjeu de santé publique, l’Assurance maladie met à la disposition des entreprises différentes solutions. Elle propose ainsi des outils d’évaluation en ligne, des programmes d’accompagnement et des formations adaptées. Elle subventionne aussi des diagnostics et des équipements qui permettent de réduire le risque, notamment.
L’institution rappelle également que les salariés les plus exposés (travail de nuit, répétitif, dans des températures extrêmes, dans le bruit…) peuvent bénéficier du compte professionnel de prévention. Ce dispositif permet de financer des formations ou des reconversions professionnelles pour accéder à un poste moins exposé. Il peut également offrir la possibilité d’aménager son temps de travail ou encore de partir à la retraite de manière anticipée.
© CIEM / Léa Vandeputte