© Stephan Poulin

Montréal, un petit bout de France 

Agréable à vivre, Montréal offre un portrait contrasté au visiteur, entre modernité et mise en valeur des Nations autochtones. Une capitale cosmopolite où s’exprime une hospitalité joyeuse.

La première impression est la bonne : impossible de se perdre à Montréal. Faites simplement mine de chercher quelque chose, tournez la tête à droite, puis à gauche… Immanquablement un passant vous interpelle aimablement avec le sourire : « Est-ce que je peux vous aider ? ». Et vous avez toutes les chances de tomber sur un polyglotte qui vous interrogera en français, en anglais, en italien, etc. 

Montréal est une ville immense, des rues interminables. Réseau de bus et lignes de métro permettent de se déplacer facilement pour découvrir la ville quartier par quartier. 

Pour en découvrir la « substantifique moelle », il est indispensable de remonter le temps et d’arpenter les anciennes rues pavées du quartier historique. 

Fondée en 1642 par les Français, Montréal est aujourd’hui un véritable patchwork de communautés. Les apports successifs de populations et la grande diversité culturelle qui en a résulté se mesurent en parcourant le boulevard Saint-Laurent surnommé « la Main » (The Main), longue artère commerciale de 11 km qui traverse la ville du nord au sud et la coupe en deux, séparant, telle une frontière naturelle, l’est francophone et l’ouest anglophone. 

Les différentes vagues d’immigration, italienne, grecque, juive, portugaise, espagnole, asiatique, africaine, y ont laissé leurs marques, commerces traditionnels, patrimoine bâti, de sorte que « la Main » est aujourd’hui reconnue comme un lieu historique, symbole du creuset de l’intégration. Des photos en noir et blanc placardées sur les façades rappellent cette épopée. Son cachet cosmopolite affiche dans certains secteurs un aspect quelque peu délabré… Certains commerces traditionnels y ont toujours pignon sur rue et ne tarissent pas de clientèle, comme la charcuterie hébraïque Schwartz’s, une véritable institution. Ouverte en 1928, en plein cœur de ce qui était le quartier juif, elle est devenue non seulement un restaurant de proximité où se mélangent les Québécois de toute origine, maiségalement le passage obligé des célébrités en visite à Montréal. Midi et soir, les clients forment une queue interminable à faire pâlir d’envie les bistrots alentour ! Préparez-vous quand même : à l’instar de nombreuses rues, les numéros courent au-delà de 3 000 ! 

La charcuterie hébraïque Schwartz’s © Marie Deschene

Ces dernières années, un vent de jeunesse souffle sur la vénérable artère : des galeries d’art, des boutiques de mode, des salles de spectacles s’y sont installées, attirant un public nombreux. 

Après cette longue déambulation, vos pas vous mèneront vers deux quartiers historiques : le Vieux-Montréal et le Vieux-Port. 

La basilique néogothique Notre-Dame-de-Montréal © MomentFactory

Pour commencer, munissez-vous de votre téléphone mobile sur lequel vous aurez téléchargé l’application (gratuite) « Montréal en histoires – Cité Mémoire ». Plusieurs parcours sont disponibles avec des projections et des expériences de réalité augmentée, en paroles et en musique à capter sur les bornes dédiées. 

À l’ouest, vous ne manquerez pas la place d’Armes avec, en son centre, l’emblématique statue de Paul de Chomedey de Maisonneuve, officier français fondateur de la ville et le Vieux-Séminaire-Saint-Sulpice, le plus ancien bâtiment (1684) subsistant à Montréal. Face à la place, la basilique néogothique Notre-Dame-de-Montréal, joyau du patrimoine québécois. Le décor en bois sculpté, peint et doré à la feuille d’or, les vitraux, la collection d’art sacré, la voûte impressionnante attirent des milliers de visiteurs. Un spectacle immersif de lumière et de son est proposé aux visiteurs. 

Les quais du Vieux-Port offrent une vue panoramique des gratte-ciel de la ville. C’est un lieu de promenade très fréquenté. Incontournable, le marché Bonsecours, un bâtiment néo-classique en pierres grises érigé entre 1845 et 1850, sur lequel sont représentées les armoiries de Montréal : la fleur de lys pour les Français, la rose pour les Anglais, le chardon pour les Écossais et le trèfle pour les Irlandais. En 2017, Montréal a redessiné son drapeau en ajoutant le pin blanc qui symbolise la contribution des peuples autochtones. Déployé sur plusieurs étages le marché abrite un musée de la mode, des boutiques de produits traditionnels et des galeries d’art. 

Un passage s’impose devant l’hôtel de ville : c’est de son balcon que le général De Gaulle lança son célèbre « Vive le Québec libre ! » dont le souvenir est encore très présent dans la psyché des Montréalais. 

Le musée McCord © Marilyn Aitken

De toutes les expositions proposées dans les différents musées de la ville, l’une est particulièrement marquante : « Voix autochtones, savoir, trauma, résilience » au musée McCord. Le public est invité à découvrir une centaine d’objets accompagnés de 80 témoignages choisis au sein des 11 nations autochtones du Québec. Une plongée dans l’univers méconnu des peuples aujourd’hui réconciliés. 

Et pour finir en touriste authentique, embarquez à bord de la Grande Roue pour admirer la vue imprenable sur toute la ville et sur le fleuve Saint-Laurent.

Denise Cabelli