Après le Ségur de la Santé… la crise continue
Le Ségur de la Santé, qui s’est tenu l’été dernier, n’a pas eu les effets escomptés, et le malaise de l’hôpital continue. Sous-effectifs, manque de lits, découragement des personnels. Les représentants des soignants continuent à demander une meilleure organisation de notre système de santé.
Comment va le monde de la santé ? Mal. C’est ce dont témoignent les mouvements revendicatifs qui se poursuivent en différents points du territoire. Des professionnels du soin et de l’action sociale manifestent pour exprimer les difficultés qu’ils rencontrent malgré les promesses qu’on leur a faites. En novembre s’est tenu un rassemblement contre la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu. En janvier, des défilés aux cris de « Mal payés, pas reconnus, mais toujours sur le front », « Augmentez nos salaires » ou encore « De l’argent pour l’hôpital, pas pour le capital » ont rassemblé des soignants qui dénonçaient leurs conditions de travail. D’autres manifestations ont eu lieu çà et là. Le constat qui les réunit est : le Ségur de la Santé n’a nullement amélioré notre système de santé.
Déjà en sous-effectifs, les personnels sont épuisés et certains quittent l’hôpital ; ils ne sont pas remplacés, notamment à cause du nombre insuffisant de places dans les écoles de formation, mais aussi de l’abandon du métier, qui a cessé d’être attractif. À cela une explication supplémentaire, le mépris ressenti dans les discours du gouvernement et plus récemment d’Emmanuel Macron, pour qui le problème tient à l’organisation et non aux moyens disponibles.
En finir avec la rentabilité
Une soignante dénonce le mouvement de restructuration d’établissements et de fusions d’hôpitaux, qui aboutissent à une réduction d’effectifs et une précarisation des emplois : « On atteint 40 % de précaires dans les hôpitaux publics ! » Cela lui paraît relever d’un « plan délibéré ». « Les moyens humains et matériels sont insuffisants, poursuit-elle. Et si, lors de la première vague de la Covid, ils ont été insuffisants, pour la suite ce n’est pas mieux, en dépit de l’annonce de nouveaux moyens mis en œuvre… La vérité, c’est que le secteur médico-social n’a plus de moyens ! »
Face à la grande souffrance et au manque de reconnaissance qu’ils connaissent, les personnels ne sont plus prêts à s’investir autant qu’au printemps dernier. Il faudrait que soit abandonnée la politique de rentabilité qui a cours actuellement… En revanche, les mobilisations se poursuivent.
Au-delà des fameux 183 euros promis lors du Ségur, les personnels veulent de vraies augmentations de salaire, et de meilleures conditions de travail. Il y a, résume Cédric Volait (CGT Santé), « trois urgences : les salaires, le nombre de lits et les embauches […] Il faut 400 000 créations d’emplois, 100 000 à l’hôpital, 200 000 en Ehpad et le reste dans le médico-social et le social ».
Pour le Dr Christophe Prudhomme (Samu 93), il faut « un investissement massif dans la formation et l’embauche de personnels de santé, qui ne sont pas une charge mais des dépenses utiles pour notre pays ».
Alain Noël