Les enfants défavorisés davantage hospitalisés pour des troubles mentaux
Selon une étude menée par Santé publique France et l’Assurance maladie sur l’impact des inégalités sociales en santé sur les enfants et adolescents, « de nombreuses pathologies sont plus fréquentes en présence d’un désavantage social (surtout financier), notamment les troubles mentaux ».
Le 9 janvier, Santé publique France a publié une étude réalisée de concert avec l’Assurance maladie, portant sur les « Pathologies et désavantage social des moins de 18 ans en France métropolitaine, en 2018 ». Cette étude apparaît en réponse à une réflexion de la Cour des comptes. Cette dernière relevait le manque d’informations concernant les inégalités de santé qui touchent les enfants.
L’étude se base sur les données issues du Système national des données de santé (SNDS) et prend en compte les niveaux de défavorisation, les prévalences des affections de longue durée (ALD) et les diagnostics hospitaliers. Sur les 13 211 000 enfants et adolescents de moins de 18 ans vivant en France métropolitaine ayant eu recours, courant 2018, à au moins un remboursement de la Sécurité sociale, 17,5 % bénéficiaient de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), remplacé en novembre 2019 par la complémentaire santé solidaire (CSS). Cette aide est attribuée aux foyers avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté. Les auteurs se sont également intéressés au « désavantage social géographique » des enfants, représentant les communes les plus défavorisées.
Les enfants défavorisés plus sujets aux maladies psychiatriques
De façon générale, parmi les dix affections de longue durée (ALD) les plus fréquentes, six concernent des troubles mentaux et du comportement, avec, en tête, les troubles envahissants du développement également, nommés « troubles du spectre autistique ». Viennent ensuite l’asthme, les troubles spécifiques du développement de la parole et du langage, l’épilepsie, le retard mental, le diabète, la scoliose, les troubles spécifiques du développement des acquisitions scolaires, les troubles mixtes des conduites et les troubles émotionnels troubles spécifiques mixtes du développement (voir le tableau ci-dessous – source : Santé publique France).
Autre constat : « Les ratios de défavorisation les plus importants étaient observés pour les ALD psychiatriques et surtout lorsqu’il s’agissait de la CMU-C : troubles envahissants du développement, troubles mixtes du comportement et des émotions, retard mental non spécifié et troubles spécifiques du développement mixtes », détaille l’étude.
Il faut également noter qu’à l’exception de la scoliose, la fréquence de chacune de ces ALD était plus importante lorsqu’une défavorisation était constatée.
Outre les troubles mentaux, les séjours en médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie (MCO), concernent aussi davantage les enfants les plus défavorisés.
Agir sur les inégalités dès la grossesse
Pour réduire les inégalités sociales et territoriales de santé, un rapport de la Cour des comptes préconisait déjà, en 2021, d’agir sur l’efficacité de la prévention et la promotion de la santé envers les enfants et leurs parents. Il suggérait aussi d’améliorer les conditions de vie familiales, du 4e mois de grossesse aux 2 ans de l’enfant, « période au cours de laquelle l’apprentissage progresse le plus vite et où l’enfant est particulièrement sensible à son environnement et aux événements de vie », souligne l’étude de Santé publique France. D’autres études constatent en effet que les inégalités commencent dès le début de la grossesse.
Alors pour mieux accompagner les futurs parents, des initiatives ont déjà vu le jour à l’image du site 1000-premiers-jours.fr (décliné également en application et en livret), qui est une mine d’informations. Mais pour mettre véritablement fin aux inégalités, il faudra sans doute aller beaucoup plus loin. En attendant, Santé publique France encourage les plus jeunes à prendre soin de leur santé mentale, notamment via leur site Filsantejeunes.com (lire notre article « Prendre soin de la santé mentale des jeunes »). « Nous surveillons de près la dégradation de la santé mentale. Nous serons au rendez-vous sur ce sujet qui est une priorité pour moi », assurait la directrice générale de Santé publique France, le docteur Caroline Semaille, dans une interview accordée au magazine Mutualistes.
© C i E M / Constance Périn
20 examens de suivi médical pris en charge à 100 % durant l’enfance
Jusqu’à 16 ans, les enfants bénéficient de 20 examens de suivi médical obligatoires. Cela permet d’assurer le suivi de la santé jusqu’à son adolescence. L’Assurance maladie les prend en charge à 100 % (sans avance de frais).