Aux origines de la méthode Pilates
Joseph Pilates est l’inventeur de la pratique sportive à laquelle il a donné son nom. Sa méthode, qui compte aujourd’hui des millions d’adeptes, consiste à utiliser le mouvement pour renforcer les muscles profonds, responsables de la posture.
Popularisée par des célébrités qui y voient le sport miracle pour tailler leur silhouette, la méthode Pilates connaît un véritable succès partout dans le monde. L’histoire de son créateur, Joseph Pilates, et les étapes qui ont jalonné son parcours de vie sont intimement liées au développement de cette technique qui pense le sport dans une démarche de santé globale.
Né en Allemagne en 1883, c’est un enfant asthmatique qui souffre de rachitisme. Malgré sa mauvaise santé, il s’intéresse à l’anatomie et au mouvement en observant les animaux. Adolescent, il se met à pratiquer assidûment la boxe, le yoga et les arts martiaux. Il constate les bienfaits de ces sports sur sa santé et voit son corps évoluer et se transformer, jusqu’à devenir un athlète accompli.
Lutter contre la sédentarité
En 1912, à l’âge de 29 ans, il part s’installer en Angleterre. Mais en 1914, la Première Guerre mondiale éclate. L’année suivante, coupable d’être allemand, Joseph Pilate est fait prisonnier. Afin de lutter contre les effets néfastes de la sédentarité et de soigner les mauvaises postures liées à l’enfermement, il entraîne ses codétenus. Il leur propose des exercices simples, accessibles à tous, réalisables dans un espace réduit et qui ne nécessitent pas de matériel spécifique. Son objectif est d’obtenir un équilibre musculaire, d’étirer et de raffermir le corps tout en se concentrant sur les sensations internes. Il décide d’appeler sa méthode « contrology ». Quelques mois plus tard, il est envoyé dans un camp sur l’Île de Man, située dans la mer d’Irlande. Confiné, il perfectionne sa technique et fabrique une machine pour améliorer l’entraînement et rééduquer les blessés. Il utilise un sommier de lit, des ressorts et des élastiques pour augmenter petit à petit la tension dans les muscles et les étirer. En 1918, la grippe espagnole fait des ravages. Le virus, apparu aux États-Unis, s’est rapidement répandu et a causé plusieurs dizaines de millions de morts dans le monde. L’Île de Man semble miraculeusement peu touchée : une quinzaine de cas seulement sont comptabilisés. Joseph Pilates attribuera rétrospectivement cette clémence aux effets protecteurs de sa méthode. Mais il semble que ce soit plus certainement sa situation isolée, ses infrastructures médicales et la réaction rapide des autorités locales qui aient protégé l’île.
Des mouvements de qualité
À partir de janvier 1919, le camp d’internement est progressivement démantelé. Joseph Pilates est libéré. Il part en 1926 pour New York où il ouvre un club de sport. Avec l’aide de sa femme, Clara, qui est infirmière, il continue à affiner sa méthode et propose désormais plus de 500 exercices. Il brevette aussi ses machines, dont les plus connues sont le « Cadillac », composé d’un tapis et d’un cadre en métal sur lequel viennent s’accrocher des accessoires (élastiques, ressorts, barres), et le « Reformer », un chariot sur roulettes équipé de sangles et de poignées. Il publie également deux livres dans lesquels il explique comment faire travailler les muscles profonds et obtenir un développement harmonieux grâce à la respiration thoracique, la concentration et la qualité des mouvements. Il connaît un véritable succès. Au fur et à mesure des années, il forme ses élèves qui, après son décès à l’âge de 83 ans, vont à leur tour enseigner sa méthode sous le nom « Pilates ». Désormais, des cours individuels et collectifs sont proposés partout dans le monde, avec ou sans accessoires, en présentiel ou en virtuel.
© C i E M / Benoît Saint-Sever