100 % santé, un constat mitigé !
En 2018, deux tiers des Français déclaraient renoncer à des soins pour des questions financières. C’est sur la base de ce constat et pour favoriser l’accès aux soins que le mouvement mutualiste s’est inscrit dans le projet de réforme dit du « 100 % santé ». Introduit en 2019 et déployé progressivement, le « 100 % santé » ou reste à charge zéro est aujourd’hui pleinement en œuvre pour les soins dentaires, d’optique et d’audiologie.
Si les objectifs de la réforme étaient partagés en ce qui concerne l’accès aux soins – comment pouvait-il en être autrement – la Mutualité française avait alors émis des réserves quant aux effets possibles, notamment un risque d’inflation des dépenses de santé.
La semaine dernière la FNMF (Fédération nationale de la Mutualité française) publiait sur son site des chiffres illustrant les effets de la réforme.
Depuis son entrée en vigueur, ce sont 10 millions de Français qui ont bénéficié d’un reste à charge zéro pour leurs soins dans les domaines du dentaire et de l’audiologie et, dans une moindre mesure, de l’optique.
Le recours au panier de soins « 100 % santé » est fortement sollicité par les assurés sociaux ayant souscrit un contrat responsable auprès d’un organisme de complémentaire santé.
Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner les statistiques. D’aucun équipement sans reste à charge en 2018, on passe à 39 % d’audioprothèses en 2021 qui relèvent désormais du « 100 % santé ». Pour les soins dentaires, là où les prévisions visaient 45 % de
prothèses, aujourd’hui ce sont 56,6 % des équipements pour lesquels les bénéficiaires n’ont pas eu à payer de leur poche. Seul l’optique plafonne à 16,9 % des personnes ayant choisi un équipement sans reste à charge, là où l’objectif était de 20 %.
Ce premier bilan est, bien évidemment, une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des adhérents mutualistes. Mais il convient de rester prudent quant aux conséquences réelles de la réforme, et de rappeler que tous les soins ou équipements relevant du « 100 % santé » ne sont pas gratuits comme pourrait le laisser entendre le reste à charge zéro.
Ce sont bien les mutuelles qui en assument le coût pour leurs adhérents. Ainsi, entre 2020 et 2021, dans le contexte sanitaire et avec la mise en place du reste à charge zéro, les
dépenses de santé remboursées par les mutuelles ont augmenté de 280 millions d’euros.
Si le « 100 % santé » permet de lutter, pour partie, contre le renoncement aux soins en limitant la dépense, il existe d’autres voies pour maîtriser le budget santé à l’instar des 2 800 établissements de services et de soins mutualistes. Notre mutuelle est engagée dans cette voie en proposant, avec le centre de santé René-Laborie, une offre de soins à tarifs opposables (sans dépassement d’honoraires). Le conseil d’administration souhaite à tous les adhérent(e)s une agréable période estivale.
Laurent Joseph, président d’uMEn