Greffe d’organes et de tissus : un nouveau plan plus ambitieux
Il était particulièrement attendu par les associations de patients : le quatrième plan greffe pour la période 2022-2026 est lancé. Il prévoit d’allouer un budget supplémentaire de 210 millions d’euros pour assurer la croissance des prélèvements.
Le ministère des Solidarités et de la Santé a dévoilé, au mois de mars, un nouveau plan ministériel pour le prélèvement et la greffe d’organes et de tissus, présenté comme « innovant et volontariste ». Son objectif pour 2022-2026 est de relancer l’activité de transplantation, qui a été particulièrement fragilisée par la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19. Le nombre de greffes a en effet fortement diminué en 2020, avec 4 417 greffes. Et même si les professionnels de santé se sont mobilisés en 2021 en augmentant de 19,3 % l’activité de greffe – 5 273 actes comptabilisés –, celle-ci n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant crise (5 901 greffes réalisés en 2019). En 2026, le gouvernement espère réaliser entre 6 760 et 8 530 greffes.
Plus de moyens financiers et humains
Pour y arriver, le nouveau plan, qui a été coconstruit avec les partenaires institutionnels, les sociétés savantes, les associations d’usagers et les professionnels de santé notamment, fixe « les trajectoires à suivre pour accompagner les évolutions médicales et scientifiques », indique l’Agence de biomédecine. Pour la première fois, un financement complémentaire de 210 millions d’euros a été acté, ce qui porte le budget total à 2 milliards d’euros (en hausse de plus de 10 % par rapport aux précédents plans). Les effectifs vont également être renforcés : 150 infirmiers en pratique avancée (IPA) seront mobilisés au sein des coordinations hospitalières de prélèvement et des équipes de greffe. En parallèle, un référent « prélèvement et greffes » sera rattaché à chaque agence régionale de santé (ARS) afin de mettre en place un pilotage régional du plan « décliné selon les spécificités de chaque contexte local ». Autre mesure phare : « le développement assumé du prélèvement multisources » – c’est-à-dire sur d’autres types de donneurs que les adultes décédés mais dont le cœur bat, comme les donneurs vivants ou les enfants – dans le but de « contrebalancer la baisse tendancielle du nombre de sujets en état de mort encéphalique ». Enfin, des indicateurs de performance vont être créés pour « évaluer la qualité de l’organisation du prélèvement et de la greffe, permettre de mobiliser les directions hospitalières et valoriser les équipes qui progressent ou qui se maintiennent à un très bon niveau ».
Une bonne nouvelle pour les patients
Les associations de patients ont plutôt bien accueilli ce nouveau plan, à l’image de Renaloo, qui représente les malades du rein et qui y voit une « réelle ambition ». « Renaloo se réjouit de ces annonces, que nous réclamions avec force, et qui contribuent à donner enfin à la greffe l’ampleur d’une priorité nationale, statut dont elle est supposée bénéficier depuis 2004 », indique-t-elle. De son côté, le collectif Greffes Plus, qui réunit neuf associations, décrit le plan comme « ambitieux et novateur ». Lui, qui avait publié un manifeste en octobre 2021, résume ainsi son appréciation : « Plusieurs recommandations essentielles ont été relayées pour atteindre une finalité : plus de prélèvements pour plus de greffes. »
Des plans sur la procréation et les cellules souches
Deux autres plans d’actions ont été dévoilés par le ministère des Solidarités et de la Santé. Le premier concerne la procréation, l’embryologie et la génétique humaines. Il fait suite à l’adoption de la loi de bioéthique du 2 août 2021 et prévoit des mesures pour permettre notamment les évolutions concernant l’assistance médicale à la procréation (AMP) : réduction des délais d’attente, inscriptions au registre permettant l’accès aux origines, autosuffisance du don de gamètes, etc. Le second plan traite du prélèvement et de la greffe de cellules souches hématopoïétique (CSH) – à l’origine de l’ensemble des différentes cellules du sang : globules rouges, globules blancs et plaquettes. Son objectif est de développer l’accès aux CSH, d’améliorer les conditions de prélèvement ou encore le suivi des donneurs.
© C i E M / Benoît Saint-Sever