Les médicaments aussi ça se recycle
Vous avez fini votre traitement et il reste quelques comprimés dans la boîte. Ne les jetez pas à la poubelle, rapportez-les à la pharmacie ! Non pour en faire profiter d’autres malades, dans des pays démunis : depuis 2009, il n’y a plus de redistribution humanitaire de médicaments non utilisés (MNU). Le pharmacien prend vos médicaments, qu’il place dans un container que lui a fourni une association, Cyclamed.
C’est cette association, créée en 1993, qui gérera le recyclage. Collectés par les répartiteurs pharmaceutiques, les médicaments non utilisés (MNU) récupérés sont valorisés, c’est-à-dire brûlés. L’énergie produite permet de chauffer 7 500 habitants par an (l’équivalent d’une ville moyenne). En métropole et outre-mer, la quantité de MNU récupérée dans les 21 141 pharmacies d’officine reste stable à 9 833 tonnes en 2021, ce qui représente 146 grammes par habitant en 2021. Cela correspond à 2,5 boîtes par habitant en 2021. Si le tonnage n’augmente plus, cela tient d’abord à ce que, depuis 17 ans, les ventes de médicaments humains diminuent, d’environ 1 % par an, même si la population croît et vieillit. Car professionnels de santé et patients manifestent de nouveaux comportements tournés vers le bon usage du médicament. De plus, le tri affiné se développe : nous séparons de plus en plus, au domicile, les emballages vides, étuis en cartons et notices en papier, qui entrent dans le tri sélectif. Seuls les médicaments non utilisés proprement dits sont rapportés en pharmacie. Une étude barométrique de BVA de 2022 indique que ce geste est désormais pratiqué par 64 % des Français ; il est plus marqué chez les moins de 35 ans (76 %) et dans les régions rurales (69 %). Plus globalement, 9 Français sur 10 (87 %) déclarent rapporter leurs MNU en pharmacie. Les motivations avancées sont la préservation de l’environnement (81 % pour les personnes interrogées), puis celle de la sécurité sanitaire (65 %). Pour la troisième année consécutive, note l’association (qui parle de « réflexe Cyclamed »), le premier mode de connaissance du dispositif est le pharmacien (45 %) à travers le dialogue entre l’équipe officinale et sa patientèle, avant la télévision (30 %). Côté pharmaciens, outre le fait que la collecte des MNU par les officinaux est une de leurs obligations réglementaires, une étude (Imago 2022) confirme que le dispositif Cyclamed est jugé comme essentiel par 7 pharmaciens sur 10 (71 %). Leurs motivations sont la protection de l’environnement, la limitation des risques d’intoxication au sein du foyer et le bon usage du médicament.
Alain Noël
Quand l’industrie pharmaceutique fait sa part…
Des associations pharmaceutiques se consacrent à la distribution humanitaire de médicaments. C’est le cas de Tulipe, financée et alimentée par des laboratoires pharmaceutiques qui, chaque année, fournit plusieurs dizaines de tonnes de produits médicaux à des organisations humanitaires dans les situations d’urgence sanitaire, climatique ou militaire. De la même façon, l’association Phi (Pharmacie humanitaire internationale) achète des médicaments aux laboratoires fabricants, pour les transférer vers les pays en urgence sanitaire.