Le mot du président

Plus d’un an après les premiers cas de coronavirus officiellement détectés en France, et même s’il est bien sûr trop tôt pour faire le bilan de la crise sanitaire liée à la Covid-19, les mois passés permettent toutefois de tirer les premiers enseignements de ce qui a marché ou pas dans la gestion de la pandémie.

En premier lieu, l’hôpital public : bien qu’affaibli par les réformes successives, l’hôpital a réussi à s’adapter à la situation sanitaire, au prix d’une mobilisation exemplaire et exceptionnelle des personnels.

Cette réactivité ne doit pas pour autant faire oublier qu’avant la pandémie, le système hospitalier public était en crise ; les salariés en grève dénonçaient le manque de moyens humains et financiers ainsi que des décisions administratives et budgétaires iniques.

Après les applaudissements et le mea culpa du président Macron sur sa réforme du système de santé, il faut espérer pour les prochaines échéances électorales un véritable débat démocratique qui aborde l’accès à la santé pour tous, sur tout le territoire français, et replace l’hôpital public dans un rôle qui lui permette d’assurer ses missions de santé.

Pour ce qui n’a pas marché : les masques, les tests, les vaccins.

Pour cacher la pénurie de masques, la ministre de la Santé de l’époque expliquait, avant de les rendre obligatoires, qu’il n’était pas utile de les porter. Pour les tests, le directeur général de la Santé évoquait l’absence « d’indication à faire des tests quand on n’a pas de forme sévère ou quand on n’a pas de facteur de risque ». Et, ces derniers jours, ce sont des problèmes d’approvisionnement des vaccins qui obligent à différer les campagnes de vaccination.

Ces couacs et informations contradictoires dans la gestion de la crise sanitaire pourraient donner l’image d’un gouvernement qui patauge dans la semoule.

En fait, les explications sont ailleurs. L’industrie en France s’est trop délocalisée, notre faiblesse industrielle en biotechnologies ne nous permet plus de produire rapidement de grandes quantités de tests. Pour les masques, la filière de production était inexistante, le stock stratégique détruit et non renouvelé depuis trois ans, faute à la diminution drastique du budget consacré aux équipements préventifs.

Pour illustrer cet affaiblissement technologique et industriel, on ne sait pas quand les grands laboratoires pharmaceutiques français pourront livrer leur vaccin. Après des années de coupes budgétaires, c’est toute la recherche qui doit faire l’objet d’un plan de développement et de financement.

À cet égard, cette crise sanitaire est un révélateur, il faut espérer en tirer vraiment les leçons pour qu’émergent d’autres politiques publiques de santé.

Laurent Joseph, président d’uMEn