La vasectomie progresse en France
Le nombre de vasectomies, méthode de contraception définitive masculine, a été multiplié par 15 en 12 ans dans le pays. Et pour la toute première fois, il y a eu davantage de stérilisations d’hommes que de femmes, en 2021 et 2022.
Le groupe scientifique Epi-phare vient de publier un état des lieux du recours à la stérilisation masculine entre 2010 et 2022. Dans le cadre de son programme de travail dédié à la santé sexuelle des Français et leur contraception, il a étudié le nombre de vasectomies réalisé. Résultat : il a fortement augmenté puisqu’il a été multiplié par 15 en 12 ans. Les chercheurs ont ainsi comptabilisé 1 940 procédures en 2010 et 30 288 en 2022.
Des stérilisations féminines en baisse
Ils ont comparé ces chiffres à ceux des stérilisations féminines. Pour cela, ils ont pris en compte les interventions pour une ligature des trompes sur la période 2010 à 2022 mais également la pose d’implants de 2010 à 2017. Après une augmentation entre 2010 et 2013, leur nombre a été finalement divisé par 2. La France est ainsi passée de 45 138 femmes qui ont choisi une contraception définitive en 2013 à 20 325 en 2022.
Ce phénomène peut s’expliquer en partie « par l’arrêt de commercialisation des implants Essure en 2017 », selon les auteurs. Ce dispositif, qui prenait la forme d’un petit ressort, était placé au niveau des trompes de Fallope. Mais il a engendré des effets secondaires invalidants chez de nombreuses patientes, ce qui a provoqué son retrait du marché.
C’est donc notamment pour cela que, pour la première fois en France, il y a eu davantage de stérilisations masculines que féminines en 2021 et 2022.
Un homme vasectomisé de 41 ans en moyenne
L’étude brosse aussi le portrait type de l’homme qui fait le choix de la vasectomie. Il était âgé de 44 ans en 2010 et de 41 ans en 2022. Il avait par ailleurs un profil socioéconomique favorisé.
Autre enseignement : ce moyen de contraception est plus ou moins adopté selon les régions. « Rapporté à la population d’hommes de 20 à 70 ans, les Pays de la Loire et la Bretagne sont les régions où les taux de pratique de vasectomie ont été les plus élevés sur les 13 années étudiées », indiquent les chercheurs. À l’inverse, Provence-Alpes-Côte d’Azur, les Hauts-de-France, la Corse et l’Île-de-France affichent des taux plus faibles. Un simple constat, sans qu’aucune explication ne soit pour l’heure avancée.
Une procédure rapide et sûre
La France autorise la vasectomie, méthode de contraception masculine définitive, depuis 2001. Elle consiste en une intervention chirurgicale – dans 99,2 % des cas en ambulatoire, en 2022 – qui permet de couper ou d’obturer les canaux déférents. Ce sont ces derniers qui transportent les spermatozoïdes et permettent qu’ils se mélangent au liquide séminal.
Cette procédure est rapide et sûre. Les auteurs de l’étude notent ainsi « un recours modéré des hommes aux antalgiques dans l’année post-vasectomie ». Les complications ne touchent qu’un homme sur cent. Les reprises chirurgicales sont quant à elles « quasi exceptionnelles ». Enfin, le taux de recours à l’opération de réversibilité de la vasectomie, la vasovasostomie (lire notre article), « est particulièrement faible », ajoutent-ils.
À l’issue de la procédure, le patient a toujours des érections et produit de l’éjaculat. Mais il faut attendre entre 8 et 16 semaines pour qu’il n’y ait plus de spermatozoïdes dans le sperme. Durant cette période, un autre moyen de contraception, comme le préservatif, est donc nécessaire.
Une tendance qui va durer ?
Pour conclure, les scientifiques rappellent que si la France « semble progressivement combler son retard », le nombre de procédures demeure faible par rapport aux « pays leaders ». Chez les Anglo-Saxons (Royaume-Uni, États-Unis, Australie), la vasectomie est en effet traditionnellement « très répandue ». Toutefois, elle connaît un déclin ces dernières années.
Il est donc important de poursuivre la surveillance des pratiques. D’autant que le groupe Epi-phare n’a pas eu accès au statut conjugal des hommes ou à leur éventuelle paternité ; données qu’il serait intéressant de croiser.
Quoi qu’il en soit, les futures études permettront « de confirmer ou non la récente appropriation par les hommes français de cette contraception définitive ». Elles seront également capitales pour mieux appréhender les leviers et les freins d’accès aux méthodes de stérilisations masculines, comme féminines.
© C i E M / Léa Vandeputte