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Jean-Michel Floret, un homme fidèle aux valeurs sociales, humaines et de solidarité

Le 9 avril 2023, la mutuelle uMEn, la Mutuelle La Mayotte, le monde professionnel et syndical de nos métiers, et bien au-delà, ont appris, avec consternation, le décès brutal de Jean‑Michel Floret. La veille, il était à Montlignon, au siège de la Mutuelle La Mayotte, pour encourager les 2 000 participants de la course à pied du massif forestier de Montmorency, de passage sur la propriété. Il en était président depuis 1992.

Jean-Michel Floret est né à Paris en 1947. Il aimait rappeler les origines de sa famille dans le Cantal et plus largement en Auvergne. Doué en métaphores, il disait de l’aligot que l’on étire avant de le servir : « C’est le thé à la menthe auvergnat ».

Au milieu des années soixante, après l’obtention d’un CAP d’imprimeur-typographe, il quitte l’école professionnelle de la rue Madame pour un premier emploi et adhère au syndicat général du Livre CGT (SGL CGT).

De 1976 à 1981, durant le conflit de l’imprimerie Chaix, comme secrétaire général du SGL (1976-1994), il déploie son militantisme syndical.

Élu au comité fédéral de la Fédération française des travailleurs du livre (FFTL-CGT), il concourt activement aux commissions de formation professionnelle et de protection sociale. Au milieu des années quatre-vingt, suite à la disparition de l’Institut national des industries et arts graphiques (Iniag) pour la formation professionnelle, il s’investit dans la création de l’Association pour la formation dans l’industrie graphique (Afig). Après la fusion avec l’AFPPI (une association du secteur presse), guidé par l’intérêt de toute une profession, il décide de prendre la présidence de Mediagraf. La liste de ses dévouements à la cause commune est loin d’être exhaustive : notamment lorsqu’il était convaincu de servir le collectif, comme dans la tentative de sauver l’imprimerie des LIR en acceptant d’en devenir le PDG quelques mois.

Cet engagement pour l’intérêt général et le fait social le distingue pour accéder à de hautes responsabilités aux niveaux national, régional, professionnel. Dans le domaine de l’assurance chômage, il devient président de l’Assedic de Paris, administrateur de l’Unedic, vice-président du Groupement des Assedic de la région parisienne (Garp). Pendant plus de vingt-cinq ans, il est administrateur de la Caisse paritaire de retraite complémentaire des imprimeries du labeur, la Carpilig, groupe Lourmel. Il accepte de prendre en charge le poste de président de Carpilig prévoyance, puis celui du Groupe.

En 1992, la succession de Roger Lancry à la présidence de la Mutuelle de la presse et du livre (MNPL) n’était pas évidente tant l’ampleur de la tâche était immense : maintenir et développer la complémentaire santé face à une concurrence devenue agressive, atteindre le meilleur équilibre au centre de santé, soutenir et accompagner les dirigeants de la Mayotte dans leurs relations avec les pouvoirs publics.

Compte tenu de ses années d’engagements militants, de sa maîtrise de la sphère sociale, le comité inter du Livre de l’époque a fortement encouragé Jean-Michel Floret à pourvoir la présidence de la mutuelle et celle de la Mayotte.

Ses premières années de mandat sont intenses, étant toujours très actif dans les structures professionnelles et nationales. Pour ne prendre qu’un exemple, le centre de santé, qui fut d’ailleurs baptisé René-Laborie sous son impulsion pour ancrer les valeurs des membres fondateurs, subissait déjà de fortes contraintes économiques. Il fait prendre par le conseil d’administration des mesures courageuses et inédites, visant trois activités importantes, tout en respectant le volet social et les services rendus aux patients. La mutuelle et plus largement nos institutions professionnelles ont bénéficié de sa capacité à transposer des tendances constatées dans le monde de la protection sociale. Un fait très marquant de son action est le concept du rapprochement des différentes caisses paritaires de protection sociale de nos métiers. Soutenue, notamment par le président de la caisse Gutenberg, l’idée a permis la création d’un groupe professionnel de protection sociale.

En 2001, alors que la réforme du code la Mutualité réorganisait en profondeur le monde mutualiste par la transposition des directives européennes, notamment en séparant l’activité dite assurance (la mutuelle uMEn d’aujourd’hui), de celles à caractère social (centre de santé, la Mayotte), Jean-Michel Floret fait prendre par le conseil d’administration, puis l’assemblée générale de la mutuelle, la décision historique d’une dévolution de la propriété de Montlignon à la toute nouvelle Mutuelle La Mayotte. Cet acte fort a permis de mettre irrévocablement en sécurité les biens dédiés. En 2007, comme président de la mutuelle uMEn, de la mutuelle uMEn médical, de la Mutuelle La Mayotte, il passe le relais. Les statuts de cette dernière stipulent que la présidence est de droit assurée par le président de la mutuelle uMEn ou par un représentant, membre du conseil d’administration, désigné par lui. Jean-Michel Floret peut poursuivre son engagement : il s’y investit avec ardeur jusqu’à ce 8 avril.

Son courage, sa perspicacité, sa pugnacité ont permis de sortir l’institution d’une période très difficile et très inquiétante pour son avenir. Il fallait assainir une situation mortifère. Ce fut pour lui la priorité de son quotidien durant de longs mois. La stabilité retrouvée, il s’est engagé dans la poursuite du développement, n’hésitant pas à prendre les contacts nécessaires au plus haut niveau de l’administration pour soutenir les projets au service de l’enfance en difficulté. Il avait planifié la transmission de sa présidence au cours du printemps prochain au moment des 75 ans de l’institution.

La conscience éminemment politique de Jean-Michel Floret était un pan de sa prestance. Parallèlement, les valeurs étaient pour lui synonymes de repères essentiels pour faire des choix, orienter les actions, les comportements. D’une question complexe, il cherchait toujours à en ressortir une vision juste, humaine et solidaire. Celles et ceux qui ont eu la chance d’être à ses côtés, ont pu mesurer sa grande loyauté, son esprit d’équipe, ses convictions dans la défense de la solidarité. Il aimait l’Humain. Nous retiendrons aussi de ce très grand militant de la cause solidaire et sociale, son courage sans jamais rechercher le prestige personnel, sa spontanéité dans les décisions concernant son engagement, sa bienveillance remarquable.

En 1997, en reconnaissance de ses nombreuses années consacrées au service de l’intérêt général, il a été élevé par l’ordre national de la Légion d’honneur au grade de Chevalier, puis en 2002, au grade d’Officier sur proposition du ministère de l’Emploi et de la Solidarité.

Le conseil d’administration, la direction générale, le personnel de la mutuelle uMEn, le conseil d’administration, la direction générale, les équipes de la Mutuelle La Mayotte, adressent à son épouse, à sa famille, à ses amis, leurs plus sincères condoléances.

Les administratrices et les administrateurs de la mutuelle uMEn, membres du comité de rédaction.