Eau : entre gabegie et économie, quelle politique ?
Le réchauffement climatique impacte aussi l’eau. À chacun de trouver les gestes pour économiser cette ressource essentielle à notre vie de tous les jours. Agriculture et entreprises sont aussi concernées.
Comme nos autres ressources naturelles, l’eau n’est pas inépuisable, et là aussi il importe d’économiser. Ménageons nos ressources pour éviter la pénurie. Ainsi, pas plus d’1 % des eaux usées n’est recyclé. Mais avant de réutiliser, autant ne pas gaspiller. Le Centre d’information sur l’eau donne des conseils en ce sens (voir encadré).
Agriculture et industrie ont un rôle de premier plan à jouer dans l’économie de l’eau. La Confédération paysanne alerte : l’arrosage n’est possible qu’en adéquation avec le niveau d’eau disponible. Il faut donc plafonner les prélèvements, et assurer une répartition équitable entre tous les paysans. Plutôt que dans d’énormes projets de stockage, « mieux vaudrait investir dans un changement des pratiques agricoles ! »
Quant à l’élevage industriel, il est très gourmand en eau : le maïs représente 60 % des surfaces irriguées, et sert surtout à nourrir les animaux d’élevage. De plus, il menace la qualité de l’eau, par les résidus de pesticides qu’il laisse.
Un plan de gestion du ministère
Le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des Territoires a lancé en mars dernier un Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau. Un appel à la sobriété visant à garantir de l’eau pour tous, de qualité et des écosystèmes préservés. Pour trois enjeux majeurs : sobriété des usages, qualité et disponibilité de la ressource. Ce plan permet également d’améliorer la réponse face aux crises de sécheresse. Les feuilles de route des secteurs les plus consommateurs (mines et métallurgie, chimie et matériaux, agroalimentaire et électronique) sont attendues pour octobre.
Les 50 sites les plus consommateurs vont être identifiés pour étudier les économies possibles. Selon Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, « la sobriété est le premier levier dans l’adaptation de notre gestion de l’eau au changement climatique. » Les sites identifiés seront accompagnés – au plan administratif, technique, et financier – par les agences de l’eau.
Dans le même temps, le gouvernement prévoit de publier un décret facilitant la réutilisation des eaux usées. Les procédures seraient simplifiées, aidant à ne plus rejeter à la nature les eaux usées, mais à les réemployer pour des fins consommant actuellement de l’eau potable : irrigation, lavage des voitures, arrosage d’espaces verts.
Alain Noël
D’abord ne pas gaspiller
Une utilisation sobre de l’eau, dans le respect de notre confort, est possible. Par des dispositifs de limitation de la consommation (chasses d’eau économes, récupération de l’eau de pluie…). En luttant contre les fuites d’eau (un robinet qui fuit gâche 35 000 litres par an), prendre une douche en 4 minutes plutôt qu’un bain (économie : 130 litres d’eau). Arroser le soir économise 6 litres d’eau par m² arrosé. Et nos aliments contiennent de l’eau : un kilo de sucre de betterave, 900 litres d’eau ; un hamburger, 2 900 litres… Ne plus jeter chacun 20 kg d’aliments encore consommables par an revient à ne pas gaspiller l’eau qui a servi à les produire. Et un produit importé peut participer à la pénurie d’eau dans le pays producteur : un jean en coton, 9 900 litres d’eau.