Des kiosques et des journaux
Les nouvelles télévisées ou le quotidien à feuilleter sur votre smartphone ont tous deux un ancêtre commun : la presse papier. Petite histoire des journaux et de leur lieu de vente, le kiosque.
Le premier grand périodique français est La Gazette, de Théophraste Renaudot, datant de 1631. Son nom vient du vénitien gazeta, qui désignait une pièce de monnaie frappée à Venise au xvie siècle, prix d’une feuille de chou de l’époque. Les journaux ont d’abord été vendus par des colporteurs, notamment près des tavernes. D’abord fixés à un mât puis placés dans des boîtes, ils sont plus tard installés sur des tréteaux pour augmenter leur visibilité. C’est au xixe siècle que la diffusion des journaux est structurée et réglementée par les pouvoirs publics.
À l’été 1857, le premier kiosque à journaux est inauguré, à Paris, sur les Grands Boulevards. Il est l’œuvre de l’architecte Gabriel Davioud, à qui l’on doit par ailleurs le Théâtre du Châtelet et l’ancien Palais du Trocadéro. Ces kiosques sont confiés aux veuves de militaires ou de fonctionnaires, afin de leur procurer un petit revenu. Ils sont dotés d’un système lumineux et permettent d’éclairer la rue. Dans les deux années qui suivent, 60 autres kiosques verront le jour. Les kiosques à journaux sont la propriété de la Ville de Paris depuis 1874 et servent de supports publicitaires dès le début du xxe siècle. En 1900, l’exploitation des 350 kiosques de la capitale est concédée (pour quinze ans, renouvelés jusqu’en 1947) à une société privée, qui prend en 1911 le nom d’Administration d’affichage et de publicité (AAP). En 2009, elle devient MediaKiosk, dont Jean-Claude Decaux est l’actionnaire principal. C’est cette entreprise qui, ayant remporté pour 15 ans le marché des kiosques de Paris (après un appel d’offres de la mairie) et la gestion des relations avec leurs exploitants, est chargée de la distribution de la presse. Elle possède aussi des concessions dans de nombreuses autres villes. En 2011, les kiosquiers ont été autorisés à élargir leur offre et à proposer souvenirs, boissons, titres de transport, et même des parapluies. Entre 2018 et mi-2019, afin de relancer les ventes de la presse, 360 kiosques ont subi des modifications, pour un budget de 52 millions d’euros. Les nouveaux kiosques sont plus spacieux et les clients peuvent consulter les revues à l’intérieur. Le kiosque prototype du quartier d’Alésia (14e arrondissement de Paris) a d’ailleurs vu ses ventes augmenter de 10 %. Dans la capitale, les kiosquiers sont aujourd’hui 360 à exercer, alors que leur nombre était tombé à 266 en 2004.
Alain Noël
Alexandra Pianelli, Le film d’une vie : Le Kiosque
Après des études d’histoire de l’art, l’atavisme l’a rattrapée : Alexandra Pianelli, fille, petite-fille et arrière-petite-fille de kiosquière, a succombé elle aussi. Elle a pris place dans les deux mètres carrés d’un kiosque. Elle filme, avec son téléphone, son quotidien, l’exiguïté dans laquelle elle évolue, le métier et les compétences qu’il requiert, les échanges avec ses clients. Et raconte les difficultés que connaît la presse, et la distribution de celle‑ci.