Charles Spencer Chaplin dit « Charlot »
« Quand le destin se mêle du sort des hommes, il ne connaît ni pitié ni justice. »
Charlot, né à Londres le 16 avril 1889 dans la plus extrême pauvreté, mort en Suisse, mondialement reconnu, dans la nuit de Noël 1977.
Entre ces deux dates, la vie de l’un des plus grands génies comiques, dramatiques, et poétiques que le monde a connu.
À travers tous ses films Charlot soldat, Le Kid, La Ruée vers l’or, Les Temps modernes, Les Lumières de la ville, Le Dictateur (qui contribuera à convaincre l’opinion américaine de la nécessité de s’engager contre l’Allemagne fasciste de Hitler), Chaplin apporte une nouvelle dimension à la comédie humaine, pas seulement par les talents extraordinaires de son jeu d’acteur ou de sa créativité burlesque, mais aussi dans le domaine de l’étude de caractère, de l’émotion, de la satire sociale, et de l’universalité poétique, présente dans toute son œuvre.
Chaplin a connu une dévotion planétaire quasi unique, chacun se reconnaissant en lui au travers de sa vulnérabilité, de son humour, de sa tendresse, mais aussi parfois de son agressivité, de sa partialité…
Il y aura toujours chez Charlot une pugnacité dans son acte de vivre à tout prix, malgré une destinée somme toute violemment chaotique, une vie de fracas et d’émotions où l’espoir n’est jamais loin…
Bernard Montini
Je dis à tous ceux qui m’entendent : ne désespérez pas ! Le malheur qui est sur nous n’est que le produit éphémère de l’avidité, de l’amertume de ceux qui ont peur des progrès qu’accomplit l’humanité. Mais la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront, et le pouvoir qu’ils avaient pris aux peuples va retourner aux peuples. Et tant que les hommes mourront, la liberté ne pourra périr. Soldats, ne vous donnez pas à ces brutes, ceux qui vous méprisent et font de vous des esclaves, enrégimentent votre vie et vous disent ce qu’il faut faire, penser et ressentir, qui vous dirigent, vous manœuvrent, se servent de vous comme chair à canons et vous traitent comme du bétail. Ne donnez pas votre vie à ces êtres inhumains, ces hommes-machines avec des cerveaux-machines et des cœurs-machines.
Vous n’êtes pas des machines !
Vous n’êtes pas des esclaves ! Vous êtes des hommes, des hommes avec tout l’amour du monde dans le cœur. Vous n’avez pas de haine, seuls ceux qui manquent d’amour et les inhumains haïssent. Soldats ! ne vous battez pas pour l’esclavage, mais pour la liberté !
Il est écrit dans l’Évangile selon Saint Luc « Le Royaume de Dieu est au-dedans de l’homme », pas dans un seul homme ni dans un groupe, mais dans tous les hommes, en vous, vous le peuple qui avez le pouvoir : le pouvoir de créer les machines, le pouvoir de créer le bonheur. Vous, le peuple, en avez le pouvoir : le pouvoir de rendre la vie belle et libre, le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure. Alors au nom même de la Démocratie, utilisons ce pouvoir. Il faut nous unir, il faut nous battre pour un monde nouveau, décent et humain qui donnera à chacun l’occasion de travailler, qui apportera un avenir à la jeunesse et à la vieillesse la sécurité. Ces brutes vous ont promis toutes ces choses pour que vous leur donniez le pouvoir – ils mentent. Ils ne tiennent pas leurs promesses – jamais ils ne le feront. Les dictateurs s’affranchissent en prenant le pouvoir mais réduisent en esclavage le peuple. Alors, battons-nous pour accomplir cette promesse ! Il faut nous battre pour libérer le monde, pour abolir les frontières et les barrières raciales, pour en finir avec l’avidité, la haine et l’intolérance. Il faut nous battre pour construire un monde de raison, un monde où la science et le progrès mèneront vers le bonheur de tous. Soldats, au nom de la Démocratie, unissons-nous !
Discours final du Dictateur (extrait du film éponyme de Charlie Chaplin)