Entre conseils nutritionnels douteux et croyances erronées, la période de Noël est propice à la diffusion d’idées reçues sur l’alimentation. Dans une communication, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale déconstruit les mythes les plus tenaces.

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Fêtes de fin d’année : les idées reçues sur l’alimentation ont la vie dure

Entre conseils nutritionnels douteux et croyances erronées, la période des fêtes est propice à la diffusion d’idées reçues sur l’alimentation. Dans une communication, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale déconstruit les mythes les plus tenaces.

Les fêtes de fin d’année sont souvent synonymes de repas copieux, de champagne, et de petites douceurs sucrées…. Mais cette période gourmande est aussi favorable à la propagation de fausses informations sur l’alimentation. Pour rétablir quelques vérités, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) revient notamment sur quatre croyances populaires encore tenaces.

Le chocolat, un allié pour la santé ?

Avec une consommation annuelle moyenne de 6,4 kg par habitant, les Français sont parmi les plus gros mangeurs de chocolat au monde. Présent dans les cases du calendrier de l’Avent ou glissé sous le sapin, le chocolat est omniprésent à Noël. Bonne nouvelle pour certains, qui lui attribuent des vertus inattendues : anti-stress, anti-déprime, voire anti-cheveux blancs. Mais derrière ces affirmations, la réalité est bien plus nuancée.

En effet, le chocolat reste une source importante de calories. D’autant que « le chocolat noir contient autant sinon plus de kilocalories que le chocolat blanc ou au lait, explique Léopold Feuzeu, médecin épidémiologiste à l’Inserm, dans une vidéo du Canal Detox de l’Institut. Globalement, c’est 570 kcal pour le premier et 550 pour les seconds, pour 100 g de chocolat. ». Les chocolats au lait et blanc sont composés de sucre. Le chocolat noir quant à lui contient davantage de gras, c’est-à-dire de beurre de cacao. Ce dernier est composé à plus de 50 % d’acides gras saturés, donc de « mauvais gras ».

En ce qui concerne les prétendus effets bénéfiques sur la santé, le spécialiste rappelle que les micronutriments et les vitamines s’y retrouvent « dans des quantités infinitésimales ». À propos des qualités antioxydantes dues à la présence de polyphénols dans le chocolat noir, là aussi, le médecin est plutôt sceptique. Il faudrait manger une trentaine de tablettes de 100 g chocolat noir par jour pour obtenir de réels bienfaits. Il a toutefois été démontré que la grande quantité de sucre stimule le centre du plaisir dans le cerveau. Alors on peut en profiter… mais de façon modérée.

Les bienfaits du champagne pour le cerveau : une idée reçue ?

Boire du champagne serait bon pour l’organisme, et notamment pour la santé cérébrale. Cette idée serait fondée sur les résultats d’une étude de l’université de Reading parue en 2013. Elle était menée sur des rats à qui on a fait boire quotidiennement du champagne. Au bout de six semaines, ces derniers retrouvaient plus facilement leur chemin dans un labyrinthe. Il en a donc été déduit que le champagne aurait des effets bénéfiques sur la mémoire. Il est cependant « très difficile d’extrapoler des résultats obtenus chez l’animal à l’humain et de tirer des conclusions à partir d’exercices de mémorisation », prévient l’Inserm. Par ailleurs, cela omet les risques avérés d’une consommation excessive. Pour rappel, il est recommandé de consommer au maximum deux verres d’alcool par jour, et pas tous les jours.

Alimentation : le gluten, un problème pour tout le monde ?

À l’approche des fêtes, le gluten est souvent présenté comme un ennemi à bannir pour une digestion optimale. Et pourtant, seule une petite fraction de la population souffre véritablement d’intolérance. Chez les personnes atteintes de la maladie de cœliaque, en effet, le gluten est totalement déconseillé. Son ingestion « provoque une inflammation de l’intestin, des douleurs abdominales, des diarrhées, peut conduire à un amaigrissement et prédispose à certains cancers », souligne l’Institut sur son site. Cependant, cette maladie auto-immune ne concerne qu’entre 0,7 et 2 % de la population. Certaines personnes peuvent être allergiques au blé (entre 0,1 et 0,5 % de la population). D’autres enfin, sans être intolérantes, présentent des troubles digestifs lors de la consommation de gluten (entre 0,5 et 15 %). Exceptées ces trois catégories de personnes, son exclusion n’aurait aucun bénéfice prouvé.

Détox après les excès des fêtes : mythe ou réalité ?

Enfin, après les festins de Noël, les cures détox sont souvent présentées comme étant la solution idéale pour éliminer les « toxines ». Mais ces méthodes, comme les tisanes ou le jeûne (lire notre article sur le jeûne intermittent), n’ont pas d’effets scientifiquement prouvés. En effet, le corps est parfaitement capable de s’auto-nettoyer au quotidien. « Il possède notamment des organes de détoxication très efficaces : le foie [lire à ce sujet notre article] et les reins », explique l’Inserm. « En parallèle, la peau participe à l’excrétion de certains déchets, comme l’acide lactique, par le biais de la transpiration, tandis que les poumons rejettent le CO2 », ajoute-t-il.

« Bien sûr, certains aliments ou extraits de plantes accélèrent l’élimination ou la dégradation des toxines », reconnaît l’Institut. Mais « l’idée de renforcer le processus naturel de détoxication mené par l’organisme en consommant des aliments “détox” ne repose sur aucune donnée scientifique ». Sans parler du fait que ces plantes aux « effets miracles », consommées sous forme de compléments alimentaires, peuvent s’avérer parfois dangereuses quand elles sont utilisées sans le contrôle d’un médecin. Par ailleurs, certains régimes « détox », notamment ceux à base de choux, peuvent fatiguer l’organisme. Ils entraînent aussi des carences, et peuvent même freiner nos capacités naturelles de détoxication. Aussi, l’Inserm est formel : « aucun remède ne peut prétendre “nettoyer l’organisme” de façon globale ». Alors après un repas copieux, mieux vaut faire confiance à son corps.

© CIEM / Constance Périn