Dénutrition : une maladie silencieuse qu’il faut prendre en charge
La quatrième édition de la Semaine nationale de la dénutrition qui se déroule en ce moment a pour objectif d’informer les Français sur cette maladie silencieuse. Elle peut en effet avoir de graves conséquences lorsqu’elle n’est pas prise en charge suffisamment tôt.
La Semaine nationale de la dénutrition revient cette année du 7 au 14 novembre. Cet évènement, organisé par le Collectif de lutte contre la dénutrition sous la tutelle du ministère de la Santé et de la Prévention, sensibilise le grand public et les professionnels de la santé et du social à cette maladie. Il faut dire qu’elle constitue un vrai enjeu de santé publique. On estime que 2 millions de personnes sont dénutries en France dont 10 % des enfants hospitalisés et 25 % des personnes de plus de 70 ans qui vivent seules.
Une véritable maladie
« La dénutrition survient lorsque les apports alimentaires d’une personne sont insuffisants au regard de ses besoins », indique l’Assurance maladie sur son site.
Il ne faut pas la confondre avec la malnutrition qui, elle, est liée à « à un manque d’approvisionnement alimentaire ». La dénutrition est causée par une perte d’appétit. Et cette dernière peut être d’origine psychologique (isolement, dépression, perte du goût…) ou physiologique (douleurs, problèmes bucco-dentaires…).
Véritable pathologie, elle peut avoir des conséquences importantes sur la santé. La dénutrition touche en premier lieu les muscles, qui sont nos réserves de protéines : c’est la fonte musculaire. Elle participe à une diminution de la mobilité et donc à une perte d’autonomie, notamment chez les personnes âgées. Chez celles qui souffrent d’une maladie, elle peut ralentir la guérison ou augmenter le risque de complications. Et, en amont, elle peut affecter les défenses immunitaires et engendrer une hausse du risque d’infection. Sans compter les répercussions psychiques et relationnelles qui forment un véritable cercle vicieux. Le trouble nutritionnel affaiblit, ce qui favorise l’isolement, ce qui mène à la perte d’appétit, etc.
Des signes discrets
La dénutrition est encore trop méconnue du fait, entre autres, de la difficulté à la repérer. Si elle provoque généralement une perte de poids, celle-ci n’est pas toujours visible. « Chez une personne en surpoids ou obèse, l’amaigrissement se traduit par une fonte musculaire qui est masquée par la graisse encore présente sous la peau, explique l’Assurance maladie. La personne obèse perd du poids, se dénutrit, mais elle garde une apparence physique peu modifiée. » La dénutrition est donc une maladie silencieuse. Il est d’autant plus important de la détecter le plus tôt possible pour la prendre en charge rapidement.
Surveiller son poids pour prévenir la dénutrition
C’est pour cela qu’il est recommandé de surveiller son poids régulièrement. Demandez à vous peser lorsque vous consultez votre médecin traitant. Vous pouvez aussi monter sur la balance une à deux fois par mois, à la maison, si vous ressentez une perte d’appétit ou si vous commencez à « flotter » dans vos vêtements.
En cas d’amaigrissement rapide (plus de 5 % de son poids en 1 mois ou plus de 10 % en 6 mois), prenez rendez-vous avec votre médecin. De même, si votre indice de masse corporelle (IMC) est inférieur à 18,5 pour l’adulte ou à 22 pour la personne âgée de 70 ans et plus. L’IMC se calcule en divisant votre poids (en kilogrammes) par votre taille (en mètres) au carré.
Chez l’enfant en revanche, la dénutrition se traduit par un arrêt de la croissance qui doit alerter.
Prendre en charge précocement
La dénutrition étant très souvent associée à une autre maladie ou à un trouble psychologique, le médecin s’attachera à diagnostiquer son origine. Il va ainsi traiter les douleurs ou les autres symptômes. En parallèle, il proposera une prise en charge nutritionnelle, avec l’aide d’un diététicien ou d’un médecin nutritionniste selon le cas, qui aura pour objectif d’augmenter les apports en protéines notamment. Il pourra aussi prescrire des compléments nutritionnels oraux.
Le médecin peut également orienter le patient vers des spécialistes (chirurgien-dentiste, psychologue…) et/ou vers des acteurs sociaux (assistant social, centre communal d’action sociale, maison départementale des personnes handicapées…).
Enfin, il est conseillé de pratiquer une activité physique adaptée à son état de santé pour lutter contre la dénutrition. Le patient pourra par exemple débuter par 10 minutes de marche, puis allonger progressivement cette durée. Cela aura pour effet de stimuler son appétit et d’entretenir sa musculature.
Se mobiliser massivement contre la dénutrition
Pour mieux faire connaître la dénutrition, sa prévention et ses conséquences, le Collectif de lutte contre la dénutrition multiplie les actions pour sensibiliser et informer sur cette maladie silencieuse. Il diffuse notamment des affiches, propose des animations partout en France et publie des vidéos de recettes (voir la vidéo ci-dessus).
Le collectif qui avait mobilisé 1 500 partenaires en 2021 et 2 000 en 2022, en comptabilise près de 2 800 cette année, un succès ! Parmi eux, citons la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF). « La dénutrition est une maladie curable qui est l’affaire de tous », insiste-t-elle dans un communiqué. Elle appuie son engagement en invitant « le mouvement mutualiste (et notamment les établissements ou services accueillant des personnes âgées ou en situation de handicap) à se mobiliser de nouveau en faveur de cette cause ». Elle considère d’ailleurs que « lutter contre la dénutrition des personnes, notamment des personnes âgées ou malades, fait écho à sa raison d’être : se protéger mutuellement aujourd’hui pour, ensemble, construire les solidarités de demain ».
© C i E M / Léa Vandeputte