Thierry Beaudet, président de la MGEN et vice-président de la Mutualité française (FNMF), a été élu pour cinq ans à la présidence de celle-ci, lors de l’assemblée générale qui s’est tenue le 23 juillet à Paris, en présence du Premier ministre, Manuel Valls.
Lors de son discours d’investiture, les premiers mots du nouveau président ont été pour son prédécesseur, Etienne Caniard, dont il a salué l’action en faveur de l’accès aux soins pour tous et souligné les réussites, notamment « l’adoption d’une loi sur l’économie sociale et solidaire et son chapitre sur la mutualité », ainsi que la préparation de la refonte du Code de la mutualité.
Généraliser l’accès aux soins
Plus tôt, devant l’assemblée des délégués mutualistes, Manuel Valls avait rappelé le travail commun des pouvoirs publics et de la Mutualité française pour généraliser « l’accès à une complémentaire santé de qualité ». Parmi les principales mesures prises par le gouvernement au cours de ces quatre dernières années pour permettre un meilleur accès aux soins aux plus modestes, le Premier ministre a cité notamment la révision des plafonds de ressources de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC) et l’aide au paiement d’une complémentaire santé (ACS).
Des réformes jugées inadaptées
Le nouveau président de la FNMF, qui fédère la quasi-totalité des mutuelles santé en France, s’est quant à lui montré critique envers « un Etat tatillon, sortant de son rôle de stratège, de régulateur, et qui contraint toujours plus [les] capacités d’action [des mutuelles] ». Les dernières réformes imposées aux complémentaires santé, comme une « hausse incontrôlée de la fiscalité », la segmentation des activités avec l’ANI* et, plus récemment, la labellisation pour les seniors, constituent, selon Thierry Beaudet, « autant de réponses inadaptées à un véritable enjeu : celui de la généralisation », qui « fragilisent » leur modèle économique.
Face aux réformes mises en place, Manuel Valls, lui, a plaidé pour « une prise de recul […] afin d’en évaluer les résultats » et de laisser aux mutuelles le temps de s’adapter à un nouvel environnement concurrentiel.
Affirmer le modèle social et le savoir-faire des mutuelles
A ce contexte législatif et réglementaire contraignant, « s’ajoute un climat général de morosité et de défiance qui mine notre société », constate Thierry Beaudet, qui reste néanmoins convaincu de la modernité du modèle mutualiste et de « son efficacité pour de nouvelles conquêtes sociales ».
Déçues par les contraintes imposées par les pouvoirs publics, qu’elles jugent inadéquates, les mutuelles souhaitent désormais prendre un nouveau virage et convaincre le grand public de leur « plus-value sociale ». Si Thierry Beaudet insiste sur « la nécessité d’évoluer avec son temps », il souligne aussi l’importance de « garder les valeurs qui ont fondé le mouvement mutualiste », car les mutuelles sont bien plus que des « bancassureurs ».
Dans un communiqué, la Mutualité française rappelle que les mutuelles « interviennent comme premier financeur des dépenses de santé après la Sécurité sociale », qu’elles sont des sociétés de personnes à but non lucratif, régies par le Code de la mutualité, qui ne versent pas de dividendes et ne pratiquent pas la sélection des risques.
Coopérer avec les professionnels de santé
« Les mutuelles disposent également d’un réel savoir-faire médical et exercent une action de régulation des dépenses de santé et d’innovation sociale à travers près de 2 500 services de soins et d’accompagnement mutualistes », ajoute-t-elle. La Mutualité souligne enfin son rôle dans « la prévention et la promotion de la santé à travers son réseau d’unions régionales et ses services de soins et d’accompagnement ».
Afin de rétablir l’image sociale et la place des mutuelles dans le champ de la santé, Thierry Beaudet assure vouloir instaurer « un partenariat solide avec les professionnels de santé dans l’intérêt des patients, [les] adhérents », pour travailler à l’amélioration du système. C’est dans cette optique qu’il annonce une prochaine rencontre avec les syndicats des professionnels de santé. Rappelons que ces derniers étaient réticents à la généralisation du tiers payant voulue par les complémentaires santé.