L’Institut national d’études démographiques (Ined) s’est intéressé à un phénomène encore peu analysé : la fécondité des filles de moins de 15 ans dans le monde. Leurs résultats, publiés dans le bulletin mensuel d’information Population & Sociétés de juin 2022, montrent que celle-ci a baissé sensiblement depuis les années 1970 mais que de grandes variations subsistent en fonction des zones géographiques.
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Par Bruno Schoumaker et David A. Sánchez-Páez#PopulationEtSociétés #RevueIned https://t.co/hLrSk6iYHn pic.twitter.com/GyEIeLkFjH
— Ined (@InedFr) June 17, 2022
Peu d’études sur le sujet
Les naissances de mère de moins de 15 ans ont longtemps été peu étudiées par les spécialistes car jugées rares et ayant peu d’impact sur la démographie d’un pays. Pourtant, « les grossesses à ces âges très jeunes ont des conséquences négatives, tant sur la santé et la mortalité des mères et de leurs enfants que sur la scolarisation de ces très jeunes filles qui ont encore l’âge d’être à l’école, au collège ou au lycée », constatent les chercheurs de l’Ined qui considèrent qu’elles méritent d’être analysées. Ces derniers ont d’ailleurs estimé à 400 000 le nombre de naissances de ce type en 2016 dans le monde, soit environ 13 naissances par an pour 10 000 filles de 10-14 ans.
Une diminution plus ou moins prononcée selon les zones
La fécondité à cet âge est globalement en baisse depuis les années 1970. La hausse de l’âge au mariage, l’augmentation de la scolarisation, un meilleur accès aux méthodes contraceptives ou à l’avortement « ont sans doute joué un rôle important », considère l’Ined. Dans les pays occidentaux, où le taux de fécondité des moins de 15 ans était déjà plus faible, la diminution s’est poursuivie. Ce déclin a par ailleurs été fort dans certains pays d’Asie et, a contrario, moindre en Amérique latine et en Afrique subsaharienne. Ainsi, on compte dans les pays occidentaux moins de 1 naissance par an pour 10 000 filles de 10-14 ans, contre près de 40 en moyenne en Afrique subsaharienne. Le Nigeria combine, par exemple, un taux de fécondité élevé entre 10 et 14 ans (plus de 50 naissances pour 10 000 filles) et un grand nombre de jeunes filles de ce groupe d’âge (près de 12 millions). Autre information de l’étude, la plupart des naissances ont lieu au sein d’unions (mariage ou cohabitation), ce qui illustre « le lien étroit entre union et maternité, y compris parmi les plus jeunes », indique l’Ined.
Et après 15 ans ?
Le taux de fécondité des 15 à 19 ans a lui aussi diminué : il a été divisé par deux depuis les années 1970. En 2020, on comptait ainsi environ 4 naissances par an pour 100 jeunes femmes de cette tranche d’âge. Le nombre total de naissances a lui aussi baissé, passant d’environ 14 millions par an en 1970 à 12 millions en 2020 et ce, malgré l’augmentation de la population jeune. Là encore la fécondité varie grandement d’une zone du monde à l’autre. L’Afrique subsaharienne affiche le taux le plus élevé (environ 10 % des jeunes femmes de 15 à 19 ans y mettent au monde un enfant chaque année) et l’Europe le plus faible. Mais « dans l’ensemble, la baisse – en termes relatifs – a été bien plus prononcée chez les moins de 15 ans que parmi les femmes entre 15 et 19 ans », conclut l’Ined.