La Direction générale des douanes a publié le mardi 7 août ses données mensuelles sur les volumes de livraison de tabacs manufacturés aux buralistes. Et les chiffres sont bons : les ventes de cigarettes ont diminué de 2,4 % par rapport à juillet 2017. Au total, depuis le 1er janvier 2018, les ventes ont baissé de 9,2 % sur le territoire métropolitain. En revanche, le tabac à rouler ou à pipe n’a reculé que de 0,23 %. Les cigares et les cigarillos et le tabac à priser ou à mâcher se sont quant à eux mieux vendus, avec une hausse respective de 7,16 % et de 9,01 %, mais la consommation de ces produits reste minime comparée à celle des cigarettes.
Vers le paquet à 10 euros
Cette tendance au déclin du tabagisme s’explique, en partie, par l’élévation des prix ces dernières années. Au mois de mars 2018, le prix du paquet de vingt cigarettes a ainsi progressé, en moyenne, de presque 1 euro (94 centimes), pour atteindre environ 7,90 euros (contre 7 euros depuis novembre 2017). La prochaine augmentation aura lieu en avril 2019 (50 centimes), et en novembre 2020 le paquet devrait atteindre les 10 euros. L’objectif du ministère de la Santé est « de parvenir à ce que moins d’une personne sur cinq entre 18 et 75 ans fume d’ici à 2024, et que les jeunes de 18 ans soient moins de 5 % à fumer en 2032 pour ainsi constituer la première “génération sans tabac” ». L’enjeu est de taille, car, « chaque année, le tabac est responsable de 73 000 décès en France, dont 45 000 par cancer », rappelle le ministère. Il constitue ainsi le facteur de risque évitable du cancer le plus important. Le tabagisme est également l’un des facteurs principaux de risque de maladies cardiovasculaires, deuxième cause de mortalité en France ».
Une combinaison de facteurs
Si le prix est bien un facteur d’abaissement de la consommation, d’autres éléments entrent en jeu. Depuis mai 2018, certains traitements de substitution nicotinique (gommes à mâcher, pastilles et patchs) sont remboursés à 65 % par l’Assurance maladie, les complémentaires santé prenant en charge le ticket modérateur (c’est-à-dire la partie qui reste à la charge du patient) de ces produits. Pour les personnes en affection de longue durée (ALD) « pour lesquelles les substituts nicotiniques font partie de la liste des actes et prestations définis », ainsi que pour les bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC), la prise en charge s’élève à même 100 %. Par ailleurs, le « Mois sans tabac », grand événement qui se déroule en novembre et encourage les Français à arrêter de fumer, a pu participer à créer un déclic conduisant à un abandon définitif. Enfin, le développement de la cigarette électronique et l’instauration du paquet neutre en janvier 2017 sont cités par les experts comme des mesures qui ont eu un impact non négligeable.
Diminution historique du nombre de fumeurs
Ces différents leviers ont permis d’aboutir à un recul de la consommation. Selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié par Santé publique France à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai 2018, la baisse du tabagisme en France entre 2016 et 2017 est de 2,5 points, ce qui représente un million de fumeurs quotidiens de moins en un an : un record. « Ainsi, la prévalence du tabagisme quotidien passe de 29,4 % en 2016 à 26,9 % en 2017 », indique l’institution, qui précise que « cette baisse touche particulièrement les jeunes hommes de 18 à 24 ans et les femmes de 55 à 64 ans ». L’entrée dans le tabagisme a elle aussi régressé, puisque la part des personnes n’ayant jamais fumé est passée de 34,3 à 37,1 % entre 2016 et 2017.